En 2014, une affaire de viol à Evry-Courcouronnes a suscité le malaise. Le 30 mars, une jeune fille de 18 ans est abordée à la sortie de la gare, puis attachée, violée, frappée et torturée dans un parc pendant deux heures par quatre agresseurs. En garde à vue, les quatre auteurs expliquent avoir demandé ses origines à la victime. Un complice affirme s’en être pris à elle “parce qu’elle est française et qu’il n’aime pas les Françaises”. Le “meneur”, de nationalité turque, déclare lui en garde à vue : “Quand je sortirai, je niquerai la France”. La circonstance aggravante de racisme n’est pas retenue par le parquet.
Plus qu’il y a dix ans, les magistrats agissent aujourd’hui sous le regard pesant de l’opinion publique et des groupes de pression. Le 27 septembre, un adolescent de 14 ans menace un policier au commissariat d’Asnières, en marge d’une garde à vue : “Toi, si je te croise dehors t’es rien, sale Blanc !” Dans un premier temps, le mineur est poursuivi seulement pour outrage sur personne dépositaire de l’autorité publique et rébellion. Deux jours plus tard, Le Figaro consacre un article à l’absence de poursuites pour racisme. Plusieurs sites liés à l’extrême droite, comme Fdesouche, suivi par 226 000 comptes sur Twitter, relayent. Le 5 octobre, le parquet de Nanterre déclare qu’il retient finalement l’outrage à caractère racial, “le temps de prendre une connaissance plus approfondie de la procédure et d’apprécier les faits”, déclare-t-il au Figaro. “Les juges sont sensibles à ce qu’il se dit dans les journaux, dans la société, ils ne vivent pas dans une bulle”, pointe Mathias Möschel, convaincu que le débat public peut faire évoluer la jurisprudence sur la question. Signe que ces réflexions agitent toute l’Europe occidentale, la Cour suprême hongroise a récemment reconnu le racisme à l’égard des Hongrois “de souche”, relève l’universitaire. La question n’a en revanche pas encore atteint les tribunaux allemands.
‘..