L’auteur du texte nie tout racisme de la part de Hergé, un historien juge son travail « très contestable »
Un coffret d’albums de Tintin intitulés Les Colorisés est sorti le 1er novembre dernier. Il est constitué de trois bandes dessinées : Tintin au pays des Soviets, Tintin en Amérique et Tintin au Congo. Ce dernier titre sorti en noir et blanc en 1931 est présenté dans une version inédite accompagnée d’une nouvelle couverture, mais aussi d’une préface qui détaille l’environnement historique dans lequel l’ouvrage avait été publié.
Une sortie très discrète
La republication de la BD avec cet ajout n’a pas fait l’objet d’une importante publicité. La préface a été rédigée par le président de l’association Les Amis d’Hergé, Philippe Goddin. « On a dit que Hergé a odieusement caricaturé les Congolais. Raciste, lui ? Il s’en est vigoureusement défendu […] Il brocarde allègrement tout son monde, Blancs comme Noirs », a écrit l’expert en bande dessinée.
Tintin au Congo a en effet été taxé de racisme. Beaucoup estiment que l’album, dont l’action se déroule dans un pays qui a été une colonie belge jusqu’en 1960, dresse des personnages noirs un portrait raciste. Interrogé sur le sujet en 1975, Hergé lui-même avait expliqué avoir dessiné les Congolais « dans le plus pur esprit paternaliste qui était celui de l’époque ».
Des caricatures mais pas de racisme
« Bien sûr, il y a des stéréotypes, des caricatures. Hergé insiste sur les grosses lèvres, les nez épatés, comme beaucoup de dessinateurs à l’époque, a quant à lui estimé l’auteur de la préface. Mais pour moi, même si la frontière est fragile entre caricature et racisme, il ne la franchit pas ».
Pascal Blanchard, historien spécialiste de l’imaginaire et de la propagande colonialistes, ne partage cependant pas cette vision. Il a jugé la préface « très contestable » et a indiqué que, pour lui, « Hergé a fait un choix politique d’ignorer les sources qui décrivent la violence de la colonisation ». Selon l’expert, décrire le dessinateur belge comme « une simple éponge de son époque. C’est léger, c’est faux ».
