20/12/23
Alors que la première ministre, Elisabeth Borne, a affirmé sur France Inter que le président de la République « n’a pas reçu la démission » du ministre de la santé, ce dernier a confirmé au Monde, ce mercredi matin, qu’il avait bien l’intention de quitter le gouvernement. Il souhaite ainsi protester contre l’adoption mardi soir de la loi « immigration ».
L’ancien communiste avait annoncé, dès mardi matin, son départ par un message adressé au secrétaire général de l’Elysée, Alexis Kohler, et en avait fait part, par téléphone, à Elisabeth Borne. « Aucun doute sur ma décision. Si le texte est voté, je pars,confiait-il au Monde mardi, en début de soirée. Cela touche aux murs porteurs. Je ne donne de leçons de gauche ou de morale à personne. Je constate cliniquement que ce n’est pas possible pour moi d’expliquer ce texte. »
Mais mercredi matin, au micro de France Inter, la Première ministre a fait savoir que le président de la République Emmanuel Macron n’a « pas reçu la démission d’Aurélien Rousseau ». « Donc c’est un non-sujet », a-t-elle renchéri. Avant d’appeler à « arrêter de commenter des choses qui n’existent pas. » Après les révélations du Figaro sur cette démission, l’AFP avait confirmé l’information plus tard dans la soirée, citant une source ministérielle.
D’autres ministres pourraient démissionner
D’autres ministres tels que Clément Beaune (Transports) ou Sylvie Retailleau (Enseignement supérieur), Rima Abdul Malak (Culture), ou encore Roland Lescure (Industrie) avaient menacé de démissionner si le projet de loi était durci, révèle CNews. Pourtant, Gérald Darmanin avait assuré à Emmanuel Macron « ne pas imaginer un instant » la démission de ses collègues. Il s’était assuré de savoir avant le début de la commission mixte paritaire si certains ministres seraient susceptibles de quitter leurs fonctions.
19/12/23
Il a menacé de partir, jusqu’à joindre l’acte à la parole. Mardi 19 décembre, Aurélien Rousseau a remis sa lettre de démission à l’exécutif, a appris Le Figaro. Le ministre de la Santé s’est vivement opposé en coulisses au durcissement du projet de loi sur l’immigration, définitivement adopté mardi soir par le Sénat et l’Assemblée nationale.
Son initiative renforce les fractures qui traversent le camp présidentiel, depuis que le gouvernement a multiplié les concessions à la droite pour trouver un accord sur ce texte, devenu l’un des plus symboliques du second quinquennat d’Emmanuel Macron. L’un des plus clivants aussi : 62 voix ont manqué lors du vote mardi soir, parmi les 251 députés que compte la majorité.
Contacté par Le Figaro mardi soir, le cabinet d’Élisabeth Borne a refusé d’indiquer si la démission d’Aurélien Rousseau a été acceptée ou non. Quant aux proches de l’intéressé, ils se bornent à un message laconique : «Pas de commentaire». Ancien directeur de cabinet de la première…
La majorité risque une fracture inédite depuis l’accession au pouvoir d’Emmanuel Macron. Selon une source ministérielle, trois membres du gouvernement, Aurélien Rousseau (Santé), Sylvie Retailleau (Enseignement supérieur), et Patrice Vergriete (Logement) « sont allés voir Élisabeth Borne et ont mis leur démission dans la balance ».
Les ministres doivent se réunir dans la soirée avec d’autres membres du gouvernement également réfractaires au texte, Rima Abdul Malak (Culture) et Roland Lescure (Industrie), tous figures de la branche gauche de la Macronie, selon des sources concordantes.
Le président (Renaissance) de la Commission des Lois, Sacha Houlié, a fait savoir qu’il voterait contre le texte issu de la Commission mixte paritaire (CMP), dont il présidait pourtant les travaux, et qui accorde de larges concessions à la droite.