Dépassée pour la première fois par le canal 16 de Vincent Bolloré sur une période d’une semaine début décembre, la chaîne du groupe Altice imite sa concurrente et invite toujours plus de polémistes identitaires pour tenter de regagner des téléspectateurs. En interne, les journalistes font part de leur inquiétude face à une direction embarrassée.
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La participation de Thais d’Escufon à des débuts sur BFMTV n’est en effet que la plus récente des invitations de figures de l’extrême droite identitaire par la chaine d’information, Il y eut ainsi Laurent Obertone, essayiste de l’ensauvagement, connu pour son best-seller la France orange mécanique, et convié fin novembre pour évoquer le drame de Crépol. Il y eut aussi Juliette Briens, chroniqueuse sur Radio Courtoisie et collaboratrice au magazine zemmouriste l’Incorrect (le théoricien du grand remplacement Renaud Camus est en couverture du dernier numéro), intervenante régulière (et rémunérée) sur les plateaux de la chaine d’info. On peut aussi citer Olivier Vial, participant assez assidu de l’émission 22h Mas, simplement catégorisé comme directeur du Ceru, laboratoire d’idées universitaires, alors qu’il a surtout été, et pendant longtemps, le président de l’UNI, le très droitier syndicat étudiant.
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L’épisode d’Escufon aurait suscité un certain embarras du côté de la direction, qui n’assumerait pas l’invitation, selon nos informations. Plus généralement, une certaine instabilité règne au sein de la chaîne. Sur le canal d’à côté, CNews réalise des audiences terrifiantes, s’inquiète-t-on en interne. Après avoir dépassé BFMTV en part d’audiences pour la première fois sur une période d’une semaine début décembre, la chaine du groupe Canal a failli réitérer la performance sur la deuxième semaine. De justesse, BFMTV est repassée devant en programmant un débat entre l’insoumise Mathilde Panot et la vice-présidente de Reconquête, Marion Maréchal, dimanche soir. «La direction n’est pas d’une immense sérénité en ce moment, confirme une journaliste.
Deux explications sur la multiplication des invités d’extrême droite sont fournies par la direction de BFMTV. La première, c’est la période, entre débats parlementaires sur l’immigration, drame de Crépol et attentat à Paris, qui favoriserait, selon eux, ce genre d’invités, amenés à s’exprimer pour représenter l’électorat du Rassemblement national. L’autre, c’est la pénurie de commentateurs d’extrême droite: les Eugénie Bastié, Geoffroy Lejeune ou autres Charlotte d’Ornellas, qui ont un temps eu leurs quartiers sur BFMTV, réservent désormais leurs prédications à CNews. L’idée serait alors de préempter les jeunes espoirs de la polémique extrême droitière, avant qu’ils ne filent chez la concurrence.
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A cela s’ajoute une coloration people de plus en plus visible, influence de Marc-Olivier Fogiel, avec notamment l’arrivée de Laurent Ruquier sur la tranche de 20 heures, ou la multiplication d’invités baroques pour une chaîne d’info, comme Patrick Sébastien, à l’antenne lundi, une heure après le débat avec Thais d’Escufon. D’après le milieu de la télévision. plus qu’une percée d’audience de la chaine de débats préférée de Vincent Bolloré, c’est surtout l’affaiblissement de BFMTV qui serait l’actualité principale. Pour un bon connaisseur du secteur, la chaine d’information en continu tenterait ainsi de changer sa raison d’être ces dernières années. Sur la forme, plus que sur sa ligne: pour continuer de développer ses audiences et aller ti tiller les chaines généralistes, BFMTV a progressivement choisi de miser sur l’allongement de la durée d’écoute (le temps passé par le téléspectateur devant la chaine) avec des programmes de talk et de débat, plutôt que sur sa promesse de départ de CNN à la française, avec la priorité au direct et une répétition de journaux d’information à intervalles réguliers.
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