L’institution judiciaire commence à déstocker certains dossiers en prévision de l’importante charge de travail liée à Paris 2024. Malgré le manque d’effectif criant, une troisième audience de comparution immédiate sera créée pour l’occasion et les magistrats seront mobilisés en masse au cœur de l’été.
[…] La chambre spécialement créée pour traiter les affaires de violences conjugales fait partie du dispositif mis en place pour que le tribunal de Bobigny soit prêt à encaisser le surplus de travail qui l’attend pendant les Jeux olympiques l’été prochain. En l’état, c’est plutôt l’engorgement qui règne. Depuis le mois de novembre, deux fois par semaine, en matinée, la « 31e » se saisit donc des dossiers de violences intrafamiliales. L’audience dite « de déstockage », doit se pencher sur ces procédures. À ce jour, 380 affaires de cette nature sont en souffrance et attendent une date pour être jugées. […]
Les craintes d’Albertine Munoz, juge de l’application des peines et déléguée du Syndicat de la magistrature (SM), portent aussi sur l’application des peines. À Bobigny, « 18 000 peines ne sont pas exécutées. On alerte depuis l’été dernier. À quoi cela sert-il de prononcer des peines si elles ne sont pas exécutées ? » s’interroge-t-elle. La représentante du SM s’inquiète également de la priorisation de certains dossiers « en fonction de leur urgence et non de leur gravité ». « Qu’est-ce que l’on va juger pendant les JO ? Les vendeurs de cigarettes à la sauvette, les infractions de voie publique. Le proxénétisme des mineurs, les violences conjugales n’arriveront qu’après. C’est choquant, et cela se fera au détriment du travail d’enquête. »
Le Parisien