« Nous ne sommes pas à l’abri d’un fanatique » : des élèves de Privas devaient aller voir le film Persépolis au cinéma en fin d’année. Leur professeur a décidé d’annuler la séance par crainte du fanatisme religieux.
Un enseignant privadois a annulé le visionnage du film Persépolis de Marjane Satrapi prévu en fin d’année au cinéma Le Vivarais, dans la ville-préfecture de l’Ardèche. La raison ? Officiellement auprès des élèves un emploi du temps qui ne le permettait pas. Officieusement, auprès du directeur du cinéma, une autre version a été donnée. Il a transcrit les mots d’un professeur de Privas dans l’édito de son programme N°177.
“Certaines questions et réactions pourraient bien m’embarrasser”
“En raison des événements survenus à Arras [le 13 octobre, un professeur de français a été tué par un terroriste dans un lycée, NDLR] et du contexte actuel très tendu, j’ai décidé d’annuler la séance de Persépolis.. Le jour de notre formation sur ce film, j’ai expliqué mes craintes concernant cette séance : nous ne sommes pas à l’abri d’un fanatique, sachant que 150 familles sont informées de cette sortie. Terrible coïncidence, en sortant de la formation qui se déroulait ce jour-là, nous avons appris l’attentat. J’ai parmi mes élèves une jeune musulmane qui fait régulièrement référence à Dieu dans ses copies, même si les sujets ne s’y prêtent pas. Nous avons plusieurs élèves de confession musulmane qui pourraient mal réagir et faire un mauvais retour à leurs familles. Certaines questions réactions pourraient bien m’embarrasser au retour de la séance voire même me mettre en danger.“
[…]SYNOPSIS
Téhéran 1978 : Marjane, huit ans, songe à l’avenir et se rêve en prophète sauvant le monde. Choyée par des parents modernes et cultivés, particulièrement liée à sa grand-mère, elle suit avec exaltation les évènements qui vont mener à la révolution et provoquer la chute du régime du Chah.
Avec l’instauration de la République islamique débute le temps des “commissaires de la révolution” qui contrôlent tenues et comportements. Marjane qui doit porter le voile, se rêve désormais en révolutionnaire.
Bientôt, la guerre contre l’Irak entraîne bombardements, privations, et disparitions de proches. La répression intérieure devient chaque jour plus sévère.
Dans un contexte de plus en plus pénible, sa langue bien pendue et ses positions rebelles deviennent problématiques. Ses parents décident alors de l’envoyer en Autriche pour la protéger.
A Vienne, Marjane vit à quatorze ans sa deuxième révolution : l’adolescence, la liberté, les vertiges de l’amour mais aussi l’exil, la solitude et la différence.