Des formulations, échappées des sphères identitaires où elles sont nées, prospèrent dans les médias ou sur les réseaux sociaux et sont parfois reprises par des personnalités politiques.
[…]Les théories qui les sous-tendent, marquées idéologiquement à l’extrême droite, se diffusent et ouvrent un peu plus chaque jour la fenêtre d’Overton, un concept définissant le périmètre de ce qui peut être dit au sein d’une société. […]
L’idée d’un péril existentiel pour la population blanche et chrétienne existe de longue date, depuis les croisades jusqu’à la révolution haïtienne. A la fin du XIXe siècle, les milieux ultranationalistes parlent déjà d’« évictionnisme », théorie selon laquelle les Noirs des colonies françaises et leurs descendants chercheraient à évincer les blancs de leurs postes à privilège (propriété terrienne, charge électorale, etc.).
En 2010, l’essayiste d’extrême droite Renaud Camus reprend cette idée, sous un prisme démographique. Il forge l’expression « grand remplacement », qu’il décrit dans son livre du même nom, en 2011, comme « le remplacement d’un peuple, le peuple français indigène, par un ou plusieurs autres ; celui de sa culture par la déculturation multiculturaliste ; celui de sa civilisation si brillante et admirée par la décivilisation pluriethnique (le village global) ». […]