On pensait avoir tout vu à l’université, mais voici que le laboratoire Pacte de Grenoble, spécialisé en sciences sociales et politiques, apporte une nouvelle illustration des dérives militantes. Ce laboratoire, qui s’était déjà brillamment illustré en mars 2021 lors de l’affaire des collages de Sciences Po Grenoble, organise en effet un bien étrange séminaire.
Intitulé « Migrations, tourisme, politique : quand la montagne devient politique », ce séminaire prévoit deux conférences. L’une porte sur les professionnels (pardon : « professionnel.le.s ») des sports de montagne ; l’autre, nettement plus problématique, pour ne pas dire franchement inquiétante, s’intitule « Violence aux frontières alpines : une (contre-)enquête transdisciplinaire à la recherche de vérité et justice » […]
Que des militants fassent flèche de tout bois pour défendre leur cause, c’est de bonne guerre. Mais que des universitaires apportent leur caution à une telle entreprise, voilà qui est déjà nettement plus critiquable ; et qu’un centre de recherche adoube cette opération en lui conférant une légitimité scientifique ne peut que susciter un profond malaise. […]
Plus fondamentalement, une double confusion est opérée : confusion entre la recherche et le militantisme puisque la recherche est ici encadrée par deux associations (Border Forensics et Tous migrants) ; confusion entre l’enquête en sciences sociales et l’enquête judiciaire. Cette dernière confusion s’avère la plus troublante, car les deux démarches s’avèrent radicalement différentes. Certes, il peut y avoir des recoupements, des chevauchements, mais les méthodes, les moyens, les finalités ne sont pas les mêmes. La vérité d’une étude scientifique n’est pas équivalente à la vérité judiciaire, et ne peut en aucun cas le devenir sous peine de déboucher sur une remise en cause de l’État de droit. […]