Photo : Norman Jardin
La prise en charge des mineurs non accompagnés (MNA) est un peu le caillou dans la chaussure du Département qui explique les difficultés de cette mission.
Sont-ils 100, 200 jeunes venus d’Afrique noire, dans ce squat du quartier Valdegour, en attente d’une éventuelle prise en charge par le Département s’ils sont mineurs ? Le Département avance précautionneusement sur le sujet : “Rien ne permet d’affirmer que certaines des personnes vivant dans le squat de Valdegour sont mineures et isolées en attente de mise à l’abri. C’est une confusion qu’il ne faut pas entretenir. Il semblerait qu’il y ait une centaine de personnes dans ce squat alors que seulement une vingtaine de personnes se présentent chaque jour à l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) comme des personnes mineures et isolées”.
“1000 personnes par an mises à l’abri”
Le conseil départemental précise que les personnes déjà mises à l’abri et en attente ou en cours d’évaluation sont logées à l’hôtel ou dans d’autres structures. “Plus de 1000 personnes par an sont mises à l’abri pour évaluation de leur âge et 20 % d’entre elles sont reconnues mineures et donc prises en charge par l’ASE”.
[…]Dix millions d’euros par an
La prise en charge des MNA pèse sur le budget de la collectivité. Chaque année, le Conseil départemental consacre 10 millions d’euros spécifiquement pour l’évaluation, la mise à l’abri des personnes se déclarant mineurs non accompagnés et pour l’accompagnement de ceux qui sont confiés in fine à l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) du Gard. Et dix agents travaillent exclusivement sur les MNA.
“De plus, dans le cadre de l’enveloppe de crédits supplémentaires de mise en œuvre du Schéma départemental des solidarités sociales et de l’utilisation de Fonds sociaux européens, jusqu’à 2 M€ supplémentaires sont prévus pour développer les capacités d’évaluation, de mise à l’abri et d’accompagnement. Des capacités nouvelles qui doivent être opérationnelles courant 2024”.
“C’est insupportable, ça me rend triste. Et je me dis : ce seraient des petits blancs, est-ce qu’on les traiterait comme ça ?“, s’insurge une bénévole d’Ados sans frontière
En attendant un espoir de régularisation, des associations leur viennent en aide au quotidien comme Ados sans frontière dont fait partie Marie Claude Tordo : “Il y a beaucoup de bénévoles qui vont leur donner un coup de main. Mais ce n’est pas ça la question. C’est : comment les pouvoirs publics aujourd’hui, quand il fait froid, quand il pleut, prennent les choses en main pour organiser une mise à l’abri ? Ce sont des jeunes tranquilles, ils ne font pas de bazar ; ils ne veulent qu’une chose : aller à l’école, apprendre un métier. Et quand ils sont dans les filières, ils bossent, on n’entend plus parler d’eux.”