Depuis quelque temps une petite musique nataliste m’échauffait les oreilles. Ici Sébastien Chenu, vice-président du Rassemblement national – et… vice-président de l’Assemblée – qui préférait « qu’on fabrique des travailleurs français plutôt qu’on les importe » ; là Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef, espérait au micro d’Europe 1 (Bolloré) « qu’on fasse plus d’enfants en France » (les deux le 19 février 2023). CNews y consacrait des émissions, avec ces bandeaux si caractéristiques de leur ligne éditoriale (« Naissances : le suicide de l’Europe », « Natalité en berne : la faute à mai 68 »). Ça montait doucement, mais sûrement, comme « le Boléro » de Ravel. Et là ! Boum ! La grosse caisse. Emmanuel Macron qui parle de « réarmement démographique ». Devant l’écran, je m’étrangle.
Réarmer démographiquement… contre quoi déjà ? La France qui n’est pas en guerre n’a pas besoin de « chair à canon ». De « chair à patron » alors peut-être ? Il suffirait d’ouvrir les frontières. Notre pays a, tout au long du XIXe et plus encore du XXe siècle, su compenser la faiblesse de son solde naturel par la vitalité du solde migratoire et trouver les bras nécessaires pour construire et ses voitures, et les autoroutes sur lesquelles elles roulent, comme pour cueillir ses fruits et son raisin.