Emmanuel Macron effectue mardi et mercredi une visite d’État en Suède, en passe d’accéder à l’Otan, lors de laquelle il doit signer avec le premier ministre Ulf Kristersson un nouveau partenariat stratégique bilatéral. La Suède «est un pays qui a la même vision de la souveraineté que la France» avec «la volonté de développer des capacités sur un spectre très large, que ce soit des capacités opérationnelles et industrielles», explique-t-on à l’Élysée.
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L’immigration est une priorité pour le gouvernement et son allié. «Une immigration massive et une mauvaise intégration ne fonctionnent tout simplement pas. C’est pourquoi nous modifions notre politique migratoire qui sera la plus stricte de l’UE», a expliqué Ulf Kristersson dans une chronique dans Aftonbladet. En un an, le changement de cap gouvernemental a permis de réduire le nombre des demandes d’asile de 26 % au premier semestre 2023, par rapport à la même période de 2022, à la suite de diverses mesures pour freiner l’afflux des migrants et effacer l’image de la Suède comme «terre promise» pour les réfugiés à l’étranger.
Le gouvernement, sous la pression du SD, a décidé également de durcir les conditions d’accès aux prestations sociales pour les migrants non issus de l’UE et de l’espace économique européen, notamment ceux venant d’Afghanistan, d’Afrique et du Moyen-Orient. «Depuis 2012, plus de 770.000 personnes de ces pays ont immigré en Suède», a rappelé Ulf Kristersson, «une forte immigration qui a créé une société divisée, sans aucune exigence et incitation aux migrants pour s’y intégrer».
Dérapages
Le gouvernement et le SD veulent en outre cartographier le coût de l’immigration. Un thème porteur car la situation économie du pays, entré en 1995 dans l’UE tout en restant à l’écart de la zone euro, est morose. Le chômage est de 7,9 %, l’inflation à près de 10 %, les taux d’intérêt élevés et la croissance en berne. Le PIB s’est contracté à 0,3 % en 2023, et la croissance promet d’être encore négative cette année, estimée à – 0,2 % en 2024, selon la Commission européenne.
Sous influence de l’extrême droite, la coalition gouvernementale n’en est pas moins parfois dérangée par les dérapages de son puissant soutien. Ce fut notamment le cas, lorsque le président de SD a accusé l’opposition sociale-démocrate d’être une «partie active du mouvement islamiste en Suède». C’était le 25 novembre dernier. Dans son discours, Jimmie Akesson a jugé bon d’expliquer que la chef des sociaux-démocrates, Magdalena Andersson, «ne pourra plus jamais redevenir premier ministre sans les voix et le soutien des islamistes». «Ces islamistes, a-t-il poursuivi, ne sont plus une poignée de personnes dispersées dans quelques quartiers marginalisés autour de nos grandes villes, il y en a beaucoup, ils sont partout.» La charge a indigné jusqu’au premier ministre, qui a estimé que son allié était ce jour-là «allé trop loin».