De quoi sera fait l’héritage de Paris 2024 ? A qui va-t-il profiter ? Telles sont les questions auxquelles tente de répondre Jade Lindgaard, qui se demande si une injection d’argent massive sur un territoire « de la taille d’un confetti » dans un temps aussi resserré peut remédier aux carences de la Seine-Saint-Denis. Les premiers bénéficiaires de l’opération sont sans aucun doute les investisseurs, qui ont vu le prix du foncier bondir de 50 % en six ans. Les nouveaux arrivants vont profiter, eux, des bords de Seine fraîchement aménagés, des commerces et espaces publics végétalisés de ce nouveau quartier situé à deux pas de la nouvelle station Saint-Denis-Pleyel du Grand Paris Express.
Mais avec un tiers de logements sociaux seulement, il laisse peu de place aux habitants historiques du territoire. Précaires, pauvres, racisés dans leur majorité, ce sont les recalés de l’« extractivisme olympique », cette dynamique qui exacerbe les rapports de force à l’œuvre dans la fabrique de la ville néolibérale : « Un surgissement disruptif de valeur qui efface la mémoire des quartiers remaniés, chasse les plus précaires, uniformise l’espace public avec les mêmes enseignes commerciales, bétonne. » Et conduit au bout du compte à « remplace[r] une population par une autre ».