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Discours de Gabriel Attal : le monde du logement social sonné par ce qu’il considère comme un « détricotage » de la loi SRU

Le monde du logement HLM ne l’avait pas vu venir. Lors de son discours de politique générale devant les députés, le premier ministre a créé la stupéfaction en annonçant qu’il voulait « faire évoluer » le monde du logement social, en revisitant l’emblématique loi SRU (Solidarité et renouvellement urbain), qui oblige les communes en zone urbaine à proposer un taux minimal de logements sociaux, afin de favoriser la mixité sociale.

« Vous le savez, d’ici à 2025, toutes les communes soumises à la loi SRU doivent posséder au moins un quart de logements sociaux sur leur territoire. Nous proposerons d’ajouter pour une part les logements intermédiaires, accessibles à la classe moyenne, dans ce calcul », a déclaré Gabriel Attal.

« C’est une remise en cause, une façon de détricoter la loi SRU, a aussitôt réagi, sidérée, Emmanuelle Cosse, présidente de l’Union sociale pour l’habitat, la fédération des bailleurs sociaux. Le logement locatif intermédiaire [LLI] n’a pas de vocation sociale, il s’agit de logements aidés par l’Etat, mais pour loger la classe moyenne “haute” : il n’y a pas de commission d’attribution, pas de contrôle des ressources des locataires après leur entrée dans le logement, aucune obligation liée à la solidarité. »

L’ancienne ministre du logement (2016-2017) souligne qu’aujourd’hui, seuls 3 % des ménages en attente de logement social sont, compte tenu de leurs ressources, éligibles au logement intermédiaire.

« Cadeau aux maires réticents au logement social »

Le directeur des études de la Fondation Abbé Pierre, Manuel Domergue, a consulté les grilles et affirme que le plafond de ressources pour accéder au logement intermédiaire, pour un couple avec deux enfants, à Lille ou à Lyon, s’élève à 90 000 euros par an pour le ménage, soit 7 500 euros par mois.

« En introduisant le LLI dans le calcul de logements sociaux prévus par la loi SRU, le premier ministre fait un cadeau aux maires réticents au logement social, puisqu’ils amélioreront leurs chiffres sans faire d’efforts sur ce même logement social », renchérit le président de Paris Habitat, Eric Pliez (divers gauche), également maire du 20e arrondissement de Paris.

Ulcéré, Thierry Repentin, maire de Chambéry, ancien président de la Commission nationale SRU, juge quant à lui « cette annonce aussi honteuse qu’irresponsable ». Il y voit « un triple camouflet » à l’égard des préfets « qui, depuis vingt ans, s’évertuent à mobiliser les élus pour qu’ils construisent du logement social », mais aussi à l’égard « des nombreux maires qui s’emploient à respecter la loi SRU depuis vingt ans et à l’égard des Français modestes ». (…)

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