15/02/2024
[…]Licencié par BFMTV, Rachid M’Barki nie alors avoir perçu une quelconque rémunération. Mais il révèle le nom de celui qui lui avait fourni les éléments à diffuser. Il s’agit d’un lobbyiste de 43 ans : Jean-Pierre Duthion. […]L’enquête bascule, donc, le 7 décembre 2023, devant les policiers de la Brigade de répression de la délinquance économique. Selon les informations de la cellule investigation de Radio France, du Monde et de Forbidden Stories, Rachid M’Barki reconnaît avoir reçu de Jean-Pierre Duthion, “cinq ou six fois”, des enveloppes d’argent liquide, pour un total de 6 000 à 8 000 euros, en remerciement de la diffusion de certaines informations. […]
D’abord restaurateur à Damas, Jean-Pierre Duthion est devenu “fixeur” (sorte de guide et d’interprète) pour les journalistes durant la guerre civile en Syrie où il a vécu de 2007 à 2014. Parallèlement, il officiait comme chroniqueur pour Paris-Match et Russia Today. Rentré en France en 2016, après un passage au Liban, il a utilisé son carnet d’adresses et son entregent pour devenir lobbyiste à Paris. Là, pour ses rendez-vous, il avait une préférence pour le somptueux palace Peninsula, propriété du fonds d’investissement souverain du Qatar, près de l’Arc de triomphe. Sollicité directement par des clients ou par d’autres lobbyistes, il était chargé – moyennant rémunération – de faire passer des messages par les canaux les plus appropriés. […]
Parmi les autres commanditaires de Jean Pierre Duthion, un relais du Qatar en France est apparu : Nabil Ennasri, entendu par les enquêteurs du 2 au 4 octobre 2023. L’homme est né en 1981. Il est diplômé de Sciences Po Aix-en-Provence. C’est un proche des Frères Musulmans précise le grand reporter au Figaro, Georges Malbrunot, qui a écrit, avec Christian Chesnot plusieurs livres sur l’influence du Qatar en France. “L’Islam politique que préconise Nabil Ennasri est un Islam conservateur, explique-t-il. Il a été formé à l’Institut européen des sciences islamiques, près de Nevers, qui a été financé par Qatar Charity. C’est le fils spirituel de Tarik Ramadan en France.” […]
Avant leur brouille, ils ont fréquenté un député : Hubert Julien-Laferrière, un ancien socialiste, puis macroniste, passé également par Génération Ecologie. En garde à vue, Jean-Pierre Duthion affirme l’avoir présenté à Nabil Ennasri en 2020. Il est passé pour cela par un intermédiaire : un ancien conseiller ministériel. […]
Selon les informations de la cellule investigation de Radio France et du Monde, Nabil Ennasri percevait chaque mois 30 000 euros d’une ambassade du Qatar et du Conseil national des droits de l’Homme du Qatar, une organisation basée à Doha. Une partie de cet argent aurait permis de payer Jean-Pierre Duthion et une autre, Hubert Julien-Laferrière. Le député aurait ainsi perçu 5 000 euros mensuels, ainsi que quelques primes de plusieurs centaines d’euros pendant près d’un an. Cette hypothèse est renforcée, notamment, par une note intitulée “Comptes”, qui a été retrouvée dans le téléphone portable de Nabil Enassri. On peut y lire : “J’ai tout payé pour juin : H et JP.” Les enquêteurs se demandent donc si “JP” n’est pas Jean-Pierre Duthion, et “H” Hubert Julien-Laferrière. […]
19/01/2024
L’enquête sur les soupçons d’ingérence étrangère dans la politique et les médias français progresse à grands pas. Mis en examen le 8 décembre, le journaliste Rachid M’Barki a reconnu pour la première fois avoir perçu de l’argent liquide pour diffuser des sujets orientés sur BFMTV, mais se dit « manipulé ». […]
Selon nos informations, Rachid M’Barki a reconnu, pour la première fois, avoir été rétribué pour diffuser des sujets orientés dans ses journaux sur BFMTV. « Il m’est arrivé de recevoir des sommes d’argent (…) Oui je reconnais les faits de corruption passive », a-t-il douloureusement confessé lors de sa garde à vue à la brigade de répression de la délinquance économique (BRDE).
Sous serment, le journaliste avait pourtant juré, en mars dernier devant la commission d’enquête parlementaire sur les ingérences étrangères, n’avoir jamais perçu de rémunération occulte en contrepartie de la diffusion de ses informations litigieuses. Dénonçant une « calomnie », il s’était dit victime d’un « lynchage médiatique ». Une posture qui pourrait être constitutive d’un parjure.
Si Rachid M’Barki est passé aux aveux, c’est que les investigations de la BRDE ont mis au jour un grand nombre de messages compromettants pour le journaliste. À l’origine, un audit interne à BFMTV avait permis d’identifier au moins treize sujets problématiques diffusés dans l’édition de la nuit qu’il présentait. Il s’agissait de courtes séquences ou brèves, ces images commentées en plateau.
Nombre d’entre elles semblaient orientées afin de servir les intérêts de pays étrangers. Qatar en tête, avec des sujets défendant la Coupe du monde de football 2022, organisée dans le pays, ou hostiles aux Émirats arabes unis, notoirement connus comme une monarchie rivale de Doha.
20/12/23
L’ex-journaliste de BFM TV Rachid M’Barki a été mis en examen dans l’information judiciaire portant sur des soupçons d’ingérence étrangère dans la politique et l’actualité française, a appris l’AFP de source judiciaire , confirmant une information de Libération. D’après cette source, il a été mis en examen le 8 décembre pour abus de confiance et corruption privée passive.
M. M’Barki avait diffusé dans ses journaux de la nuit une douzaine de brèves considérées comme litigieuses par la justice. Il avait été licencié en février 2022 pour faute grave par Altice, le groupe auquel appartient cette chaîne qui a porté plainte. Une enquête interne avait aussi été ouverte.
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Quelques mois après son licenciement pour faute grave, Rachid M’barki, ex-présentateur franco-marocain du journal de la nuit de BFMTV pose ses valises au Maroc, où il poursuivra sa carrière de journaliste.
Une nouvelle aventure commence pour Rachid M’barki. Cette fois, loin de la France, le pays qui l’a vu naître. « Je crois que l’on peut l’annoncer ce soir : je suis ravi de rejoindre le groupe Eco Média », a-t-il annoncé lundi à Casablanca, lors de la cérémonie de la 19è édition du prix l’Économiste pour la recherche en économie, gestion et droit.
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Merci à moi et à Juliette
23/03/23
BFM TV licencie le journaliste présentateur de la nuit Rachid M’Barki soupçonné de servir d’outil d’influence pour le Maroc et dépose plainte contre X pour corruption passive et abus de confiance
16/02/2023
15/02/2023
Selon cette enquête du collectif de journalistes Forbidden Stories, auquel a contribué pour la France la cellule investigation de Radio France et Le Monde, cette affaire est liée à une vaste entreprise de désinformation pilotée par une officine israélienne, qui vendrait ses services dans le monde entier.
Une officine israélienne mise en cause
Les journalistes d’investigation ont pu rencontrer un responsable de cette officine en Israël, désignée sous le nom de “Team Jorge”.
Il leur a affirmé, démonstration à l’appui, pouvoir créer automatiquement de faux comptes en ligne, générer automatiquement du contenu sur les réseaux sociaux ou pirater des emails ou des comptes Telegram, pour influencer des campagnes électorales notamment.
Dans le cas de M. M’Barki sur BFMTV, les brèves diffusées à l’antenne avaient trait aux oligarques russes, au Qatar, au Soudan, au Cameroun, ou encore au Sahara occidental et auraient été “fournies clés en main pour le compte de clients étrangers“, selon le consortium d’investigation.
10/02/2023
L’article évoque des voies complètement bloquées, pas des files réservées. L’ordonnance de 2019 suggère que les deux cas sont possibles.
Les blocages auront lieu sur la dite période, mais ils pourraient être plus concentrés, visiblement, il y a encore besoin d’infos à ce sujet.
Des séquences du présentateur Rachid M’Barki diffusées dans le journal de la nuit étaient ensuite relayées sur Internet. Selon nos informations, l’Arcom, Viginum et la DGSI se sont saisis de l’affaire.
05/02/2023
EXCLUSIF. Le présentateur du journal de la nuit, Rachid M’barki, aurait diffusé durant des mois des images institutionnelles de propagande, notamment en faveur du Maroc. Révélé par Politico, ce scandale qui fait l’objet d’une enquête interne a donné lieu à une réunion de crise, ce vendredi, à BFMTV, en présence de Marc-Olivier Fogiel, directeur général et Céline Pigalle, directrice de la rédaction.
Face à des salariés inquiets, la direction de BFMTV a indiqué que le journaliste d’origine marocaine aurait ” perçu des paiements en liquide “ et confirmé qu’il était ” dispensé d’activité “ depuis la mi-janvier (il a été remplacé à la présentation du journal de la nuit par son confrère Thomas Joubert).
[…]Le 30 juillet 2019, invité au Maroc à l’occasion du 20ème anniversaire de l’accession au pouvoir de Mohammed VI, Rachid M’Barki déclarait à Le360.ma, un site d’info proche du régime : ” Je suis Marocain, mon coeur bat pour le Maroc, je suis très très fier d’être Marocain. Et être invité pour le 20ème anniversaire de l’accession au trône de sa majesté, c’est vraiment quelque chose d’extraordinaire, d’exceptionnel “.
02/02/2023
La direction de BFMTV a lancé une enquête interne pour comprendre l’origine de contenus diffusés par la chaîne dans des circonstances troubles. Au moins l’un porte sur le Maroc, a appris POLITICO de multiples sources internes. Une dizaine de contenus suspects ont été identifiés. Selon une source au fait de l’enquête, la direction s’interrogerait aussi sur l’influence d’autres Etats.
Plus précisément, des images et propos n’ayant pas suivi les circuits de validation habituels ont été diffusés pendant l’émission Le journal de la nuit, un journal télévisé diffusé à partir de minuit, laissant soupçonner une ou plusieurs opérations d’influence dont l’origine n’a pas été officiellement identifiée, selon une dizaine de sources internes informées de l’audit. Des auditions ont notamment été lancées auprès des collègues du présentateur Rachid M’Barki, qui n’est plus apparu à l’antenne depuis la mi-janvier.
“Une enquête interne a été ouverte il y a deux semaines suite à des informations reçues concernant un journaliste de notre chaîne”, a confirmé auprès de POLITICO Hervé Beroud, directeur général délégué d’Altice média, la maison mère de BFMTV. “Ce journaliste est en dispense d’activité depuis le début de cette enquête et pour tout le temps de cette enquête. BFM est probablement victime dans cette affaire et nous ne pouvons tolérer aucune suspicion sur le travail de l’ensemble de notre rédaction et de nos 300 journalistes”, a-t-il déclaré.
[…]Plusieurs membres de la rédaction ont en tête la diffusion d’un reportage présenté par Rachid M’Barki, à propos du forum économique de Dakhla, une ville du sud du Maroc où se sont réunis des investisseurs espagnols en juin 2022.
Sur fond d’images promotionnelles de l’événement, le présentateur y fait référence au “réchauffement des relations diplomatiques” entre l’Espagne et le Maroc, facilité, dit-il, par la “reconnaissance espagnole du Sahara marocain”. Une expression inhabituelle dans les médias français pour faire référence à la situation du Sahara occidental, au cœur d’une grave crise diplomatique entre le Maroc et l’Algérie. Le Maroc fait pression sur la France pour qu’elle sorte de la position de neutralité qu’elle a jusqu’ici préféré adopter sur la question.
En juillet 2019, Rachid M’Barki, invité à une célébration du 20e anniversaire de l’accession au trône du roi du Maroc, parlait de ses liens avec le pays dans un entretien vidéo mis en ligne par le média marocain Le 360, considéré comme proche du pouvoir.
Interrogé sur sa participation à un rapprochement “à travers des ONG” entre la France et le Maroc, le journaliste affirmait vouloir “rester très discret là-dessus”, ajoutant : “J’essaye d’agir à ma manière à mon petit niveau pour faire briller le Maroc.”
Il était alors déjà présentateur à BFMTV et un visage familier de l’antenne.
[…]