ELLE. Pouvez-vous nous expliquer la nature de vos liens avec Gérard Miller ? Comment et dans quel cadre le connaissez-vous ?
Sandrine Rousseau. J’ai des liens assez forts avec Coralie Miller, sa fille, qui est une amie. C’est elle qui m’a accompagnée depuis le début de la primaire. Je connais nettement moins son père, mais je l’ai croisé une ou deux fois, peut-être plus. Il est venu me soutenir à la primaire. Je suis allée deux ou trois fois chez lui, dont une fois pour répéter « Les Monologues du vagin » (pièce mise en scène par Coralie Miller) il y a plusieurs années. On avait eu aussi des discussions politiques.
ELLE. On vous a reproché de ne pas avoir suffisamment rapidement réagi en vous désolidarisant de lui … Vous avez fait un premier tweet de soutien aux victimes avec le hashtag #miller, une semaine après la sortie de notre première enquête…
SR. Je demande aussi le temps de pouvoir poser une parole qui a du poids. Ce temps n’est jamais un temps d’hésitation. C’est un temps pour pouvoir encaisser le choc et poser les mots qui permettent de faire avancer.
ELLE. Très peu d’élus ou de représentants des différents partis de la Nupes ont fait des déclarations ou des tweets citant nommément Miller. C’est signe d’un malaise ?
SR. Ça montre une sidération, c’est plus difficile quand cela arrive au sein de votre famille politique. On ne va pas se voiler la face, c’est un silence un peu honteux aussi. On n’est pas fiers d’avoir ça chez nous.
ELLE. De quelle manière, cette histoire secoue-t-elle vos partis respectifs depuis 15 jours ? Est-ce le branle-bas de combat pour avancer sur cette question des violences sexistes et sexuelles ?
SR. Il y a rarement de branle-bas de combat, surtout sur ce genre de sujets. Et par ailleurs, depuis l’affaire Quatennens, je ne discute plus avec personne de ces affaires. Je mène mon combat ; celles et ceux qui s’y reconnaissent viennent et me soutiennent. Mais sur cette question des violences faites aux femmes et du sexisme, je n’ai pas grand monde sur qui compter. Je suis très seule. Et quand j’apprends les accusations contre Gérard Miller, et bien c’est un soutien en moins parce que Coralie Miller, maintenant, je ne vais plus pouvoir compter sur elle. Je ne sais pas ce que va devenir notre amitié. Probablement va-t-elle prendre de la distance. En fait, c’est comme une espèce de peau de chagrin. Il y a de moins en moins de personnes sur lesquelles s’appuyer. C’est comme une île qui serait gagnée par les eaux.