Au-delà du répit qu’offrent aux résidents ces centres d’accueil temporaire, à l’image de celui de Beaucouzé (Maine-et-Loire), près d’Angers, des associations craignent qu’ils ne servent qu’à déplacer le problème d’un hébergement d’urgence saturé en région, voire qu’ils se transforment en pièges administratifs pour certains migrants.
[…] Pour Fatimata et Selvakumar, le sas a tenu sa première promesse. Depuis avril 2023, ces centres ont été mis en place par l’Etat dans dix régions pour désengorger l’hébergement d’urgence en Ile-de-France. Ils ont déjà accueilli « 3 600 personnes qui vivaient en situation de rue, dans des campements urbains ou en squat », déclare-t-on à la délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement. « Avant tout, un sas permet de mettre à l’abri des personnes vulnérables, et de leur offrir un accompagnement administratif, mais aussi médical, social et psychologique », avance Pierre Joseph, de l’association France terre d’asile, qui en assure la gestion.Ces sas représentent souvent, faute d’infrastructures suffisantes en dehors des accueils d’urgence, « la première offre d’hébergement qui leur est faite » explique Paul Alauzy, coordinateur à Médecins du monde. Pour autant, le système « se limite surtout à cacher la misère en région avant les Jeux olympiques », estime celui qui est aussi porte-parole du collectif Le revers de la médaille. […]
Les résidents sont généralement dispersés vers les autres départements de la région à l’issue des trois semaines. Et à partir de là, le sas n’a que « très peu de visibilité » sur leur parcours, reconnaît Nolwenn Harnois, cheffe de service. Combien de temps les gens restent-ils dans les hébergements d’urgence avant de se retrouver à nouveau à la rue en région ? « Trois jours, quatre jours, une semaine ? » interroge, à la Fédération des acteurs de la solidarité, Nathalie Latour. Dans un contexte de « pression énorme sur les territoires », elle alerte sur le risque de « remises à la rue ». Pour les associations, les sas ne font que déplacer le problème de l’hébergement d’urgence en région, où le système est souvent déjà saturé. […]