En 2023, 93 faits de viols dits « de prédation » ont été enregistrés par la préfecture de police de Paris, contre 92 en 2022. Pourquoi ce chiffre ne baisse-t-il pas ? Explications. Selon une étude de l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales publiée en 2016, plus de 70 % des viols de rue commis à Paris se produisent de nuit.
[…] La première question est de savoir ce que représentent ces chiffres communiqués par la préfecture. « Pas grand-chose », balaie Carine Durrieu Diebolt, avocate au barreau de Paris qui défend exclusivement les victimes de viols et agressions sexuelles. « D’abord, ces chiffres ne concernent que les faits qui ont fait l’objet d’une plainte et ne nous renseignent pas sur le traitement judiciaire qu’on va leur donner », indique l’avocate, qui précise que le taux de classement sans suite est de 73 %.
Quand les plaintes existent, il n’est donc absolument pas dit qu’elles aboutiront à des poursuites. « L’insuffisance de la réponse pénale ne décourage pas les auteurs de passer à l’acte », abonde une source judiciaire, qui précise que la récidive est très importante concernant ce type d’affaires. Du côté de la « PP », on assure qu’il s’agit des chiffres des viols « commis » – avérés donc – qui donneront lieu à des poursuites ou qui ont même déjà été jugés.
« Les chiffres de la préfecture de Paris ne sont pas non plus représentatifs de ce qui peut se passer dans les autres grandes villes ou même dans les zones suburbaines [villes moyennes, NDLR]. De la même manière que la délinquance est itinérante, la prédation l’est également », ajoute Linda Kebbab, qui estime que le phénomène s’est aussi « exporté » dans des zones qui étaient encore plutôt épargnées il y a quelques années. […]
Concernant la capitale, reste à savoir pourquoi les viols de rue persistent. Malgré l’absence de statistiques ethniques en France, la déléguée SGP-Police fait un parallèle avec l’immigration : « Les viols intrafamiliaux, qu’on ne parvient pas à endiguer, touchent toutes les classes sociales, toutes les catégories socioculturelles, mais sur les viols de prédation, dans les grandes villes, ils ont historiquement toujours concerné les marginaux. Or, aujourd’hui à Paris, les hommes étrangers, sans papiers, issus d’une immigration récente et entrés sur le territoire en situation irrégulière représentent une part importante de cette marginalité, c’est un fait. Ces profils vont donc être surreprésentés dans les faits de viols de rue. »
L’agresseur présumé de Claire, un SDF de 25 ans de nationalité centrafricaine, interpellé quelques heures après les faits, avenue des Champs-Élysées, était par exemple visé par une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Il a depuis été mis en examen et écroué. Celui ayant commis les faits sur la jeune femme qui sortait de discothèque dans le 16e arrondissement est un Malien sans papiers déjà connu des services de police pour un précédent viol présumé… commis au Duplex, en août 2022. […]
Selon l’étude de l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales publiée en 2016, la dernière du genre, 12 % des viols commis à Paris étaient des viols de rue ; 100 % des agresseurs étaient des hommes, ils avaient en moyenne 34 ans et 44 % d’entre eux étaient sans emploi.