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ENTRETIEN – Le mouvement de colère des agriculteurs a mis un peu plus en lumière la fracture grandissante entre la gauche et la France rurale, alerte Rémi Branco, vice-président socialiste du conseil départemental du Lot, qui vient de publier La gauche veut-elle regagner les campagnes ?.

LE FIGARO. – Selon vous, la gauche encourt un risque de disparition dans les campagnes. N’est-ce pas exagéré ?

Rémi BRANCO. – Depuis deux ou trois ans, j’observe un décalage entre ce que les habitants des campagnes me disent, leurs problèmes, leurs attentes et de l’autre côté, les discours des responsables nationaux de gauche. Ce décalage-là, aujourd’hui, il commence vraiment à poser problème puisqu’on se retrouve avec des gens qui basculent assez massivement vers le vote RN. J’ai voulu écrire ce livre pour tirer la sonnette d’alarme et dire à la gauche la nécessité de recoller à la réalité, aux problèmes que vivent les gens dans les territoires ruraux.

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Pour la France rurale, les élus de gauche à l’Assemblée, qui s’agitent en permanence, sont perçus en quelque sorte comme le camp du bazar. C’est la raison pour laquelle les Français peuvent voter à gauche à l’échelon local, mais pas aux élections nationales.

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Le sentiment de dépossession culturelle d’une partie de la France, n’est-il pas aussi un angle mort de la gauche ? la gauche peut-elle regagner les campagnes sans parler d’immigration ?

La gauche doit parler d’immigration, sans se placer uniquement sur le plan moral. Dans les campagnes, la population est vieillissante, et qui va s’occuper demain de nos aînés vieillissants ? Qui va reprendre les exploitations agricoles ? On va avoir besoin, comme toujours, de nouvelles personnes sur notre territoire pour faire ces boulots-là, pour s’occuper de nos aînés, pour s’occuper d’agriculture, pour s’occuper de nos usines.

Je crois que la gauche doit construire un discours sur une immigration où elle explique que celle-ci peut être bénéfique pour notre pays, et ne doit pas être perçue comme un danger. Aujourd’hui, on a besoin de nouvelles personnes sur notre territoire. 

Le Figaro

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