(…) Yassin est incarcéré à la prison de Luynes depuis qu’il a été interpellé, en février 2024, pour des violences sur sa compagne. Sur l’écran plat du tribunal correctionnel de Marseille dédiée aux comparutions immédiates, apparaissent, filmés en plongée, sa raie au milieu, son catogan noir et sa barbe rase.
Pour préparer sa défense, dit-il, mais surtout “parce qu’au jour d’aujourd’hui“, pléonasme dont il est friand et ne cessera d’abreuver le tribunal durant trente minutes, il est “traumatisé“. (…)
Face à l’air dubitatif du tribunal (il ne découvre pas l’univers carcéral), il décide d’entrer dans le vif du sujet : en février dernier, il a été témoin de l’agression au couteau d’un détenu attaqué par quatre autres locataires du centre pénitentiaire pendant la promenade.
Depuis, je n’ose plus sortir de ma cellule. J’appréhende de sortir en promenade. Par-dessus le marché, mon voisin s’est fait violer par son co-détenu. Là, franchement, mentalement, je suis choqué.
Yassin
Aux séquelles psychologiques dont il s’estime victime, Yassin rajoute d’énigmatiques symptômes médicaux. (…) “Je n’ai plus de sensibilité au niveau des doigts“. il a une tache blanche dans l’œil gauche et d’après le médecin qui l’a examiné, il pourrait perdre son œil du jour au lendemain, comme ça, d’un coup. (…)
Ayant manifestement jugé que Yassin tentait de lui jeter de la poudre aux yeux, le tribunal a décidé que le prévenu devrait continuer à ne dormir que d’un œil dans sa cellule de Luynes, jusqu’à son procès. (…)
D’autant que le procureur avait estimé, dans ses réquisitions, qu’en recouvrant sa liberté, le prévenu risquait de faire pression sur sa concubine, voire de réitérer les violences. (…)
(Merci à Loia.)