Premières condamnations pour l’affaire des « fausses convocations pour pédopornographie ». Ces mails, diffusés par milliers, faisant croire à des particuliers qu’en versant de l’argent, ils échapperaient à des poursuites pénales. Plus de 10 000 signalements et 287 plaintes ont donné lieu à une vaste enquête internationale, à partir de 2021, sur la piste des « brouteurs », surnom donné aux cyber-escrocs, qui soutirent de l’argent, à des milliers de kilomètres. Aussi facilement qu’un mouton se nourrit dans une prairie verdoyante.
Le « premier procès en France », des mots du parquet, a eu lieu à Paris en janvier, sur l’aspect blanchiment de l’arnaque. La quasi-totalité des prévenus ont été condamnés jeudi à des peines allant jusqu’à trois ans de prison, aménageables avec un bracelet électronique, ce que le parquet avait requis pour les prévenus. Des amendes de 8 à 15 000 € ont également été prononcées, moins que ce que réclamait le ministère public.
Gardien d’immeuble, conseiller bancaire, facteur…
Le caractère de bande organisée n’a toutefois pas été retenu par les juges, et aucune interdiction de territoire français n’a été prononcée, le parquet en avait réclamé trois.
Parmi les prévenus, tous nés dans les années 1990 en Côte d’Ivoire, sans casier, un facteur, un gardien d’immeuble, un conseiller bancaire… vivant en Île-de-France, au Raincy, à Mantes-la-Jolie, en province, au Mans, à Orléans… poursuivis pour avoir fait transiter des centaines de milliers d’euros, jamais saisis. Des « maillons essentiels et indispensables à l’arnaque, qui ont industrialisé l’ouverture de comptes bancaires » pour le parquet. En cause, des « comptes taxis » qu’ils auraient ouverts eux-mêmes, ou fait ouvrir par des « mules » pour faire transiter les virements des victimes, avec une commission de « 10 à 15 % ». Car des victimes ont payé. Tout se passait en Côte d’Ivoire, en France, c’est l’argent qui transitait.
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