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Le stade d’un quartier populaire de Mamoudzou, où se sont installés des réfugiés, cristallise la colère des Mahorais. La plupart des demandeurs d’asile, au parcours tragique, doivent être envoyés en métropole.

Les riverains du stade de Cavani, un quartier populaire de Mamoudzou, avaient donné jusqu’au 10 mars au préfet de Mayotte pour démanteler le camp des migrants africains qui occupent l’enceinte sportive depuis des mois. Sous pression, le représentant de l’Etat, François-Xavier Bieuville, s’emploie à venir à bout de ce «totem», son expression pour évoquer ce qui est devenu aujourd’hui le symbole d’une immigration incontrôlée en provenance d’Afrique. Jeudi 14 mars, les pouvoirs publics ont «détruit une dizaine de tentes et évacué une cinquantaine de migrants», comptabilise Frédéric Sautron, sous-préfet en charge de la lutte contre l’immigration clandestine. La semaine précédente, une centaine de personnes avait déjà été prise en charge, après l’envoi en métropole, fin février, de plus de 300 migrants. Mais à ce jour, il reste encore près de 200 immigrés, qui dorment sur des matelas à même le sol, assaillis de moustiques, trempés par les pluies tropicales, enfumés par les feux d’ordures.

(…) Leur arrivée et leur concentration sur le stade de Cavani ont provoqué l’exaspération des Mahorais en fin d’année 2023. En janvier et février, le collectif de citoyens «les Forces vives» a dressé des barrages, paralysant le département. Habitants comme élus en veulent aux associations qui accompagnent les Africains. C’est le cas du député LR Mansour Kamardine : «En Afrique, tout le monde connaît le numéro de téléphone de Solidarité Mayotte ! Une fois chez nous, les migrants n’ont qu’un mot à dire : “asile”. Alors les forces de l’ordre sont tétanisées, comme si elles avaient reçu un coup de Taser !»

(…) Mais face à l’afflux des arrivées – plus de 2 000 en 2023 –, l’Etat a manqué de places d’hébergement. Il a dû faire appel à une autre association, Mlézi Maoré, qui a à son tour essuyé les menaces de la population. «Nos locaux ont été cadenassés et notre personnel insulté, regrette le directeur, Hugues Makengo. Hier encore, une psychomotricienne, lynchée verbalement, a démissionné.» Tant et si bien que Mlézi «hésite» à répondre à un nouvel appel à projet de l’Etat qui prévoit la création de 80 places supplémentaires destinées aux migrants.

Libération


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