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Cinq cents mètres à peine séparent le Stade de France de la cité des Francs-Moisins à Saint-Denis. Cinq cents mètres mais un monde entre des places à plusieurs centaines d’euros au flamboyant temple des prochains JO et le terne grand ensemble gangrené par la pauvreté. Lors de la candidature, la promesse était de régénérer ce territoire de 1,6 million d’habitants, dont un tiers vit sous le seuil de pauvreté. Le même pari avait été fait en 2012 à Stratford, quartier le plus pauvre de Londres, avec un résultat mitigé.

Habitante des massives barres grises de cette cité minée par le trafic de drogues, réputée parmi les plus difficiles de Seine-Saint-Denis, Samia Achoui ne verra rien des Jeux olympiques qui se tiendront en face de chez elle du 26 juillet au 11 août. Les billets ? “Trop chers” pour cette secrétaire qui n’a même pas tenté d’en acheter. La sexagénaire se contentera, dit-elle, “du bruit des applaudissements” provenant du stade, juste de l’autre côté du canal Saint-Denis.  […]

À l'”inverse” des précédents Jeux, la Solideo a demandé aux opérateurs “qu’ils aient un projet qui réponde d’abord (aux besoins locaux) de logements“, dit Isabelle Vallentin.

Cette seconde vie débutera à l’été 2025. Avec à terme 6.000 nouveaux habitants sur 2.800 logements, deux groupes scolaires, des bureaux pour 6.000 salariés, des commerces…

Sur les centaines d’appartements qui accueilleront les athlètes, près d’un tiers sont destinés à l’achat – avec pour l’instant des ventes poussives, compte tenu des prix élevés pour ce territoire dans un contexte d’affaissement de l’immobilier. Le reste sera réparti entre logements sociaux – 25 à 40% selon les communes – et locations.

A Stratford, 12 ans après les Jeux, les promesses de logements à prix “abordable” pour les riverains n’ont toujours pas été tenues, tandis que le quartier s’est gentrifié faisant flamber les loyers. […]

Au-delà du legs matériel et économique, et si le principal héritage des Jeux résidait dans l’image qu’il renverra de la Seine-Saint-Denis ?

Avec un déploiement massif de forces de l’ordre pendant la compétition, le département prie pour ne pas subir les retombées négatives de nouvelles violences.

Comme l’attaque au tir de mortier d’un commissariat en mars après la mort d’un jeune lors d’une course-poursuite avec la police. Ou quand le chef de la délégation olympique mongole a été détroussé en octobre.

La police a accru les patrouilles dans les rues et multiplié les opérations contre les délinquants, trafiquants de drogues, vendeurs à la sauvette ou de contrefaçons.

En ouvrant ses bras aux visiteurs du monde entier à l’été, le département espère que les Jeux contribueront à écrire une nouvelle page de son histoire.

actu.orange

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