“Pourquoi vous nous cassez toujours les couilles quand on n’a pas de papiers ?” Ainsi débute un appel tombé, dimanche 24 mars, sur le standard des policiers neversois. L’interlocuteur se retrouve en comparution immédiate, vendredi 29 mars, devant le tribunal correctionnel.
Maître Thibault de Saulce Latour, sollicite un délai pour préparer la défense de son client de 24 ans et souhaite que ce temps soit mis à profit pour ordonner une expertise psychiatrique. Le prévenu a effectivement l’air perturbé, fixant le vide devant le box des détenus, jusqu’à ce que le président, Loïc Choquet, attire son attention : “Monsieur ! Je suis ici… Monsieur !”. “Quand on me parle mal, je parle mal…” Lors de son appel téléphonique, il a tenu des propos insultants, misogynes et racistes et proféré des menaces : “Votre commissariat, là, je vais le brûler, je vais faire un dégât catastrophique”.
Face aux juges, de manière brouillonne, il fait état de paroles en réaction à des contrôles d’identité qui se sont mal déroulés. “Quand on me parle mal, je parle mal… Ça ne veut pas dire que je ne respecte pas la loi, que je ne respecte pas la France… Mais je ne connais pas toutes les règles. — J’en pense qu’en Guinée [son pays de naissance], on ne parle pas comme ça aux policiers. — Si, si, on les insulte, c’est fréquent.”
(…) Dans l’impasse des sans-papiers, qui ne peuvent travailler, l’avocat parle aussi d’une frustration née d’une situation inextricable en France. “Il a une carte d’identité italienne, mais pas de papiers français. Arrivé en tant que mineur isolé, il n’est pas expulsable, mais il ne peut pas trouver d’emploi. La préfecture fait la sourde oreille et ne délivre pas d’autorisation temporaire de séjour, ce qui lui permettrait pourtant de travailler.”