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Entre volonté d’inclusion et craintes face à l’entrisme radical, les entreprises hexagonales tâtonnent. Le paysage se polarise entre les défenseurs d’une stricte neutralité, les groupes évoluant vers une culture communautaire à l’anglo-saxonne et l’émergence de PME affinitaires.

« Bonne fête de Pâques et bonne fin de Ramadan ! » C’est avec ces vœux très inclusifs que le dirigeant d’un groupe bancaire a clos vendredi 29 mars une conférence téléphonique avec ses collaborateurs. Alors que la diversité de leur corps social se renforce et que la religion redevient un sujet visible sous l’influence d’une partie de leurs salariés musulmans, les plus grandes entreprises françaises se convertissent peu à peu aux codes communautaires à l’américaine.  […]

 « Dans beaucoup d’entreprises, des chartes ont été écrites, les salariés savent ce qu’ils peuvent ou non faire. Les managers sont moins tétanisés. Mais je dirais que dans 20 % des entreprises, (dans la grande distribution, la logistique, les sous-traitants des aéroports, le nettoyage, la sécurité…), on rencontre des situations très tendues avec des oppositions au management, de la misogynie d’inspiration religieuse », commente l’auteur de l’étude, l’universitaire Lionel Honoré. Selon le chercheur, l’essentiel des difficultés provient d’une minorité de jeunes gens musulmans peu qualifiés, la majorité de leurs coreligionnaires se déclarant très attachée à la séparation entre la religion et le travail.

C’est au cours des années 2010 que les entreprises, essentiellement de la région parisienne, ont pris conscience que l’expression religieuse d’une partie de leurs collaborateurs virait au séparatisme. […]

Le ramadan est un moment classique d’expression de sa foi, avec de fréquentes demandes d’aménagement d’horaires. Ces dernières semaines, les soirs de Ramadan, à l’aéroport d’Orly, il était ainsi quasiment impossible de trouver un taxi. « Par rapport aux années 2010, nous observons une vigilance accrue de certains RH mais aussi une forme d’adaptation de l’entreprise. Par exemple, j’ai recueilli plusieurs témoignages cette année d’interrogations autour de l’opportunité de faire un pot en période de ramadan. Avant la question ne se posait pas. Dans certains groupes, de crainte de heurter, on préférera attendre pour organiser un tel évènement», témoigne encore Erell Thevenon, déléguée générale de l’Institut pour l’innovation économique et sociale.  […]

Les bras de fer sont aussi moins frontaux car le traitement du fait religieux a évolué. Auparavant dans de nombreuses entreprises comme ADP ou la RATP, « il était géré par la personne en charge de la sécurité, désormais ce sont les responsables de la diversité qui prennent le sujet en main. La religion devient une revendication identitaire comme une autre. » Au sein des entreprises, comme dans la société, ce sont alors souvent les mêmes mouvements qui vont se battre pour faire plus de place aux LGBTQ en tant que tels (dans les recrutements, les engagements…) tout en défendant l’acceptation des signes religieux », analyse Arielle Schwab, directrice générale adjointe d’Havas Paris. […]

Le Figaro

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