Alain Policar avait été nommé membre du Conseil des sages de la laïcité par l’ancien ministre Pap Ndiaye
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Voici ce que disait ce dernier sur RFI le 5 avril : « Le voile n’est pas le plus souvent un signe de prosélytisme – les enquêtes sociologiques montrent qu’il s’agit même souvent d’un vecteur d’émancipation pour les jeunes filles par rapport à leurs milieux – et le port du voile devrait donc être analysé chaque fois au cas par cas » Ajoutant, à propos de Maurice-Ravel : « ça illustre, me semble-t-il, les difficultés d’appliquer sereinement la loi qui (…) apparaît, à tort ou à raison, comme discriminatoire à l’égard des musulmans ». Il y a un an, la nomination au CSL d’Alain Policar par Pap Ndiaye, alors ministre de l’Education nationale, avait été très critiquée par les « historiques » de l’institution créée par Jean-Michel Blanquer qui y voyaient une manœuvre de dilution de la défense de la laïcité.
Conseil des sages de la laïcité et des valeurs de la République (CSL), créé par l’ancien ministre de l’éducation nationale Jean-Michel Blanquer en 2018, ne goûte donc pas au pluralisme des idées. Cette instance qui a vocation à « préciser la position de l’institution scolaire en matière de laïcité et de fait religieux » accueillait depuis un an le politiste Alain Policar. Nommé par Pap Ndiaye, ce chercheur associé au Cevipof de Sciences Po détonnait par rapport aux membres « historiques » du CSL, qui partagent une vision exclusive voire identitaire de la laïcité.
Alain Policar, auteur en 2022 de L’Universalisme en procès (Le Bord de l’eau), appelle les républicains autoproclamés à s’ouvrir aux critiques post-coloniales et décoloniales. Dans un ouvrage plus récent, La Haine de l’antiracisme (Textuel), il prend à revers la critique du « wokisme » répandue jusque dans les rangs de la majorité présidentielle. Reçu par Mediapart peu après sa nomination, il se disait optimiste sur sa possibilité de s’exprimer dans cette instance : « Le débat est possible »,affirmait-il.
Moins d’un an plus tard, le voilà pourtant démis de ses fonctions par la ministre de l’éducation nationale, Nicole Belloubet (il quittera son mandat d’ici au 30 juin). Sa faute a consisté à avoir exprimé des critiques sur l’application de laloi sur la laïcité en milieu scolaire après l’affaire du lycée Maurice-Ravel (à Paris).