Le procureur accuse le jeune Algérien d’avoir agressé au moins trois prostituées la semaine dernière à Nice.
Il a accepté d’être jugé en visioconférence depuis la prison de Nice en raison du mouvement de protestation des personnels pénitentiaires. Son visage juvénile apparaît sur les écrans du tribunal correctionnel et contraste avec la gravité des faits reprochés. Aymen Boutaia, 21 ans, domicilié chez ses grands-parents aux Moulins à Nice, a été interpellé vendredi vers 4h30 du matin par une brigade anticriminalité. Il avait sur lui une cagoule et un tournevis.
Deux heures plus tôt, Theresa (1) , prostituée avenue de la Californie, appelait la police, encore sous le choc de l’agression qu’elle venait de subir. Alors qu’elle regardait des vidéos sur son téléphone, un individu, visage masqué par une cagoule, s’est approché d’elle, faisant mine d’être armée. De sa voix cassée, elle témoigne, émue, devant les magistrats : “Je n’ai vu que ses yeux. Il voulait mon sac. Il avait la main dans sa poche et me disait: « Si tu bouges, je te tue.” (…)
La police rapproche d’abord cette affaire d’un vol avec violence subi la veille, dans le même secteur, par une prostituée transgenre. Les enquêteurs recueillent également la déposition de Diana, prostituée bulgare absente au procès, mais qui a formellement identifié Aymen Boutaia sur photo. Elle décrit en audition une tentative d’extorsion similaire survenue vers 4h30, vendredi: “ Il m’a secouée, m’a tirée vers lui. Il portait une cagoule. (…) Il m’a tâté de partout pour trouver l’argent. Il m’a tiré les cheveux, disait qu’il voulait me violer. Je me sentais mal. Il a commencé à m’étrangler, m’a descendu mon pantalon, j’ai couru je suis tombée. Il m’a menacé de mort mais n’a pas trouvé d’argent.” (…)
Pour sa défense, Aymen Boutaia affirme qu’il tentait de récupérer 500 euros qu’une certaine Ines venait de se faire voler. Une version à laquelle ne croit pas du tout le procureur, qui requiert cinq ans de prison ferme, sachant que le prévenu, déjà condamné deux fois, est sous le coup d’un sursis probatoire de 18 mois. Le magistrat demande également une interdiction de séjour dans le département pendant cinq ans.
Le tribunal, présidé par Edouard Levrault, a reconnu coupable Aymen Boutaia de l’ensemble des délits (extorsion, agression sexuelle) et l’a condamné à trois ans d’emprisonnement. Il est par ailleurs inscrit au fichier des délinquants sexuels et interdit des Alpes-Maritimes pendant cinq ans. Un jugement accueilli par un jeune prévenu en larmes.