Entre la terre et le ciel, il y a la mer. Et l’un de ses dignes ambassadeurs en est sans conteste le navigateur Olivier de Kersauson. Celui qui a parcouru le monde dans tous les sens est, à près de 80 ans (il les aura le 20 juillet), désormais amarré à Tahiti, qu’il savoure dans le silence et la solitude, et qu’il quitte rarement sauf pour quelques allers-retours à Brest ou à Paris. L’« amiral » le plus populaire de France est devenu une sorte d’anachorète laïque, qui se satisfait désormais du ravissement du monde. Lui qui, depuis des années, se bat contre un cancer du poumon, dont il ne veut pas parler en public, a accepté de se livrer à quelques exercices spirituels. Une terra incognita que ce grand bourlingueur défriche et devant l’immensité de laquelle le réputé fort en gueule se fait petit. Il nous gratifie, sur le vif, mezza voce, d’un échange iconoclaste, merveilleux, bouleversant, puissamment humain. (…)
Le Point : Dieu tenait-il une place dans votre éducation ?
Olivier de Kersauson :Quand on est né dans une famille catholique bretonne, évidemment, Dieu n’est pas absent. Mes parents avaient tous les deux perdu leurs pères, tués à la guerre de 1914, la religion était une chose importante pour eux. Leur catholicisme, c’était du vécu, il était très présent, ancré, partagé. C’était à la messe du dimanche que nous avions des nouvelles du bourg, du voisinage. Nous avons été imprégnés par ce catholicisme. (…)