Son œil de soudeur a immédiatement analysé l’objet. « C’était un gros couteau avec une lame de 20 cm et un manche de dix centimètres », montre Nour A., un sans-papiers Algérien âgé de 26 ans, en mimant la longueur de l’arme avec ses deux mains. Ensuite, il n’a plus réfléchi. Il s’est emparé de l’arme et l’a jetée à travers la fenêtre du wagon du RER D dans lequel il se trouvait mardi matin pour se rendre à son travail. Il a ensuite réussi à maintenir l’homme dans un coin en attendant les policiers. Il sera interpellé quelques minutes plus tard en gare de Vert-de-Maisons par les policiers du commissariat de Maisons-Alfort.
[…]« Il avait une tête qui faisait peur, avec un œil au beurre noir, injecté de sang, décrit Nour. Là, il s’est mis à parler fort et à me demander si j’avais un travail car il cherchait un job. » Nour coupe court à la conversation mais l’homme en face se met à dire « On a tué Allah », puis « On n’a qu’Allah ». « Il parlait de plus en plus fort. L’homme à côté de moi s’est levé alors que moi j’ai commencé à mettre à mon casque pour écouter de la musique, se remémore Nour. Là, il a posé son portable et a mis très fort des chants coraniques. » Nour augmente le son dans son casque pour s’isoler mais ne peut détacher son regard de l’autre passager.
« Là, il a sorti une paire de chaussures de son sac puis a plongé sa main et a sorti son couteau, qu’il a calé sur le siège à côté de lui, explique Nour alors que sa voix s’accélère. J’ai eu peur. Là, il m’a dit : ce n’est pas pour toi ». Effrayé, Nour se fige « deux, trois secondes. J’ai pensé à des attaques au couteau. ». « Il avait un comportement bizarre ce mec, reprend Nour. Sans réfléchir je me suis jeté dessus. Il a essayé de me stopper mais j’ai quand même pu prendre le couteau, j’ai hurlé d’appeler la police et j’ai jeté l’arme. » Ensuite, le vide se fait autour d’eux et Nour le maintient en respect dans un coin.
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