(…) Un enfant qu’elle a élevé seule : elle a quitté le père au bout d’un mois de grossesse, après qu’il lui a cassé deux côtes.
Un conjoint qui l’enfermait à clé quand il allait travailler, pour ne pas qu’elle risque de croiser d’autres hommes. « J’ai hésité à garder le petit, nous dit Mounia, et puis je me suis dit, quand tu fais un enfant, tu prends tes responsabilités. La nuit, au début, je me levais pour aller voir s’il respirait encore, je mettais mon doigt sous son nez, comme ça. » Elle fait le geste.
Elle assure n’avoir jamais connu les galères des mères isolées. « J’ai toujours travaillé, j’ai trimé pour qu’il ne manque de rien, chaque mois il avait droit à un cadeau, comme une paire de baskets, pour ne pas qu’il aille voler ou faire n’importe quoi. On s’envoyait quinze à vingt messages par jour… C’était fusionnel. »
Mounia Merzouk n’attend plus qu’une chose : un procès, une condamnation, et elle affirme qu’après elle quittera la France. « Ce policier a détruit quatre familles. La mienne, la sienne, et celles des deux gamins qui étaient dans la voiture et qui ont vu leur copain mourir. Je prends souvent de leurs nouvelles. Eux aussi, ils font des cauchemars. » (…)
Le policier auteur du tir mortel a bénéficié d’une cagnotte de soutien lancée par le polémiste d’extrême droite Jean Messiha : 85 000 donateurs ont réuni 1,6 million d’euros. « Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? C’est ça, la France ? Tu tues un Arabe, tu deviens millionnaire ? » souffle Mounia, elle-même destinataire d’une cagnotte de soutien de 490 000 euros. Elle dit qu’il n’y a aucune communication entre la police et les jeunes, « c’est tout de suite de l’agressivité, c’est électrique », que les gens du quartier ont peur pour leurs enfants. (…)
(Merci à Jo.)