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Samedi, les rassemblements contre le RN n’ont attiré que 250.000 personnes dans toute la France, selon les autorités. Pour une bonne raison, selon le politologue Vincent Tournier : «La menace que représente» le parti à la flamme «est moins intense qu’autrefois». Vincent Tournier est maître de conférences en sciences politiques à l’Institut d’études politiques de Grenoble et chercheur au laboratoire Pacte du CNRS.

En 2002, quand Jean-Marie Le Pen accède au second tour de l’élection présidentielle, 1,5 million de personnes descendent dans la rue. Aujourd’hui, le RN semble bien plus proche du pouvoir, et pourtant ce 15 juin, la mobilisation a été beaucoup plus faible . Comment expliquer ce paradoxe ?

Le contexte est très différent. L’effet de sidération du 21 avril 2002 a été considérable. Les manifestations contre Jean-Marie Le Pen se sont déroulées durant l’entre-deux tours, à un moment où l’issue du scrutin pouvait paraître incertaine. On a alors assisté à une sorte de «Grande peur» qui a prospéré sur le thème de l’antifascisme et sur la fausse thèse selon laquelle Hitler a été élu par le peuple. Aujourd’hui, l’effet de surprise a complètement disparu puisque la poussée du RN aux élections européennes a été parfaitement annoncée par les sondages. De plus, le premier tour des législatives n’a pas encore eu lieu et rien ne dit que le RN va pouvoir conserver ses voix. Enfin, pour les électeurs, les législatives représentent un enjeu beaucoup moins important que les présidentielles, comme le montre généralement l’important différentiel de participation.

Beaucoup de jeunes se sont mobilisés ce week-end. On sait pourtant que Jordan Bardella y trouve de nombreux électeurs, puisqu’il en a conquis plus que tout autre parti lors des dernières élections européennes. La jeunesse française est-elle toujours majoritairement de gauche ?

Pour les européennes, un récent sondage de l’Ifop donne Jordan Bardella à 28% chez les 18-34 ans et Manon Aubry à 21%. Il y aurait égalité chez les 18-24 ans (25% pour chacun). Cela n’enlève rien au fait que, depuis quelque temps, la jeunesse n’est plus mécaniquement réfractaire au RN. Il en va de même pour les femmes puisque celles-ci votent désormais autant pour le RN que les hommes. […]

Il est assez paradoxal que la gauche ait décidé de s’unir sous l’intitulé «Nouveau Front populaire» car, contrairement à la situation qui prévalait en 1936, cette alliance n’a rien de populaire, les ouvriers ayant largement déserté la gauche au profit du RN. […]

Le Figaro

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