Depuis 1996, Guy Drut, 73 ans, est membre du Comité olympique international (CIO). L’ancien spécialiste du 110 m haies a eu une carrière aussi riche sur les tartans qu’en dehors des stades. Médaillé d’argent aux Jeux de Munich en 1972, d’or quatre ans plus tard à Montréal, il a été longtemps député de Seine-et-Marne (Rassemblement pour la République), puis ministre des sports (1995-1997) sous Jacques Chirac. Dans un entretien au Monde, l’administrateur du Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 (Cojop) considère que le Rassemblement national, parti de Jordan Bardella et de Marine Le Pen, « n’est plus » celui du fondateur du Front national, Jean-Marie Le Pen. Il se dit favorable à une alliance entre Les Républicains et le Rassemblement national pour les législatives des 30 juin et 7 juillet.
Quelle sera votre position aux élections législatives ?
Je reste et je voterai Les Républicains (LR), tendance Eric Ciotti [le président du parti, banni par son camp], parce que j’approuve l’union des droites et l’alliance avec le Rassemblement national (RN) [pour les législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet]. Eric Ciotti a eu raison d’appeler à cet accord face à la menace fasciste de gauche. Certes, il a été maladroit, il est allé trop vite : il aurait dû consulter les cadres du parti. Quand bien même, les Gérard Larcher, Valérie Pécresse, Laurent Wauquiez, Xavier Bertrand, qui restent mes amis, ne sont pas crédibles. Il faut qu’ils écoutent davantage la base. Ils me font penser à des bobos de droite, qui volent sur le dos pour ne pas voir la réalité.
Laquelle ?
La rapidité de la déliquescence du pays. Ça fait sept ans [depuis 2017] qu’on essaie de travailler avec [Emmanuel] Macron, sept ans qu’il nous envoie sur les roses. Son problème, c’est qu’il n’écoute que son miroir et qu’il est, aujourd’hui, cassé. J’ai parlé avec plusieurs personnalités sportives qui sont dans le même état d’esprit que moi, mais ils ne le diront pas.
N’êtes-vous pas en train de « composer avec l’extrémisme », comme l’avait pourtant déconseillé Jacques Chirac avant de quitter l’Elysée en 2007 ?
Il parlait de Jean-Marie Le Pen. J’ai siégé à l’Assemblée nationale en même temps que lui [de 1986 à 1988] et j’ai toujours eu des réserves. Mais Marine Le Pen, ce n’est plus la même chose, je la trouve plus responsable. Est-elle toujours – tout comme Jordan Bardella – d’extrême droite ? Pour moi, ils représentent une vraie droite et, comme ils ne peuvent pas gouverner sans nous, cette alliance permettra d’avoir notre mot – efficace – à dire. Je reste gaulliste, chiraquien et républicain. Je n’ai pas du tout l’impression de trahir mes convictions, et je n’ai plus l’âge de recevoir des leçons. […]