25/06/2024
L’écrivain était poursuivi en diffamation par la militante Rokhaya Diallo, qu’il avait accusée sur Arte d’avoir « armé le bras » des assassins de « Charlie Hebdo ». Le tribunal l’a relaxé.
(…)
Rokhaya Diallo avait déposé une plainte quelques jours plus tard contre l’auteur de Lunes de fiel. Au terme d’un procès de plusieurs heures, le 21 mai dernier, le procureur avait requis la relaxe, estimant que l’écrivain n’avait pas franchi les limites de la liberté d’expression dans un débat « d’intérêt public ».
« Je suis soulagé. Cette décision est aussi pour moi une grande satisfaction. On ne devrait pas encombrer les tribunaux avec des litiges qui relèvent de la liberté d’expression et d’opinion », a réagi, mardi 25 juin, Pascal Bruckner, contacté par Le Point. Il était défendu par Me Richard Malka, compagnon de route et avocat historique de Charlie Hebdo.
« Mme Diallo a tenté par cette procédure de museler toute critique à son encontre et de limiter la liberté d’expression, notamment celle de Pascal Bruckner. Ça n’a heureusement pas fonctionné. On pourra donc continuer à interroger sa responsabilité intellectuelle au titre de ses propos sur Charlie Hebdo », a réagi Me Malka.
22/10/20
Pascal Bruckner, après ses propos sur le plateau de @28minutes : "J'ai simplement rappelé à Rokhaya Diallo ses engagements au sein de l'islam politique et combien elle critiquait Charlie Hebdo en les traitant d'islamophobes et de racistes." #le79Inter pic.twitter.com/DM6JJeI5R1
— France Inter (@franceinter) October 22, 2020
21/10/20
J’ai donc maintenu ma place dans le débat sans m’abaisser à son niveau. En sortant de plateau je lui ai dit combien il était vil et ses méthodes méprisables (à son image). Il m’a répété en boucle qu’il me connaissait (🤷🏿♀️) et savait combien je nourrissais la « haine des blancs ».
— Rokhaya Diallo (@RokhayaDiallo) October 21, 2020
Extrait plus long :
En lien :
Pour la défense de la liberté d’expression, contre le soutien à Charlie Hebdo !
Publié le 5 novembre 2011 par Saïd Bouamama, Youssef Boussoumah, Houria Bouteldja, Henri Braun, Abdelaziz Chaambi, Ismahane Chouder, Olivier Cyran, Christine Delphy, Thomas Deltombe, Rokhaya Diallo, Sébastien Fontenelle, Nawel Gafsia, Laurent Lévy, Hassina Mechaï, Ndella Paye, Faysal Riad, Arielle Saint Lazare, Karim Tbaili, Pierre Tevanian, Sylvie Tissot, et Najate Zouggari
Parce que la liberté d’expression est pour nous un principe précieux, nous refusons catégoriquement l’instrumentalisation bouffonne et intéressée qui en est actuellement faite par le couple Guéant-Charb, par la classe politique et par les grands médias.
Nous affirmons :
qu’un cocktail molotov lancé la nuit dans des locaux vides et n’occasionnant que des dégats matériels ne mérite pas une mobilisation médiatique et politique supérieure à celle, pour le moins discrète, qu’occasionne l’incendie ou la mise à sac d’une mosquée ou d’un cimetiere musulman.
que la disproportion entre les unes alarmistes sur l’incendie de Charlie Hebdo et les brèves de dix lignes sur les saccages de lieux de culte musulmans entretient une vision du monde raciste : si un saccage est plus grave qu’un autre, c’est que les biens des uns sont plus précieux que les biens des autres, et c’est en définitive que les uns valent plus que les autres.
que le climat d’état d’urgence et d’union sacrée qui s’instaure aujourd’hui autour de Charlie Hebdo est d’autant plus odieux qu’il tombe au même moment qu’un silence et une indifférence quasi générale face à un autre incendie, lui aussi parisien, lui aussi d’origine criminelle, à ceci près qu’il visait un bâtiment occupé par des Roms et qu’il a entraîné une mort d’homme : Ion Salagean.
que Charlie Hebdo, en acceptant la visite intéressée de Claude Guéant, qui incrimine avec empressement des « extrémistes musulmans », en l’absence du moindre élément de preuve, participe, comme il l’a déjà fait dans le passé en publiant des articles ou des dessins antimusulmans, à la confusion générale, à la sarkozisation et à la lepénisation des esprits.
qu’il n’y a pas lieu de s’apitoyer sur les journalistes de Charlie Hebdo, que les dégats matériels seront pris en charge par leur assurance, que le buzz médiatique et l’islamophobie ambiante assureront certainement à l’hebdomadaire, au moins ponctuellement, des ventes décuplées, comme cela s’était produit à l’occasion de la première « affaire des caricatures » – bref : que ce fameux cocktail molotov risque plutôt de relancer pour un tour un hebdomadaire qui, ces derniers mois, s’enlisait en silence dans la mévente et les difficultés financières. […]
que les leçons de tolérance adressées par l’élite blanche aux musulmans, présumés coupables de l’incendie, sont pour le moins malvenues puisque, contrairement à ce qui se dit et se répète, le délit de blasphème existe en France : depuis les lois Sarkozy de 2003, de très lourdes amendes et peines de prison sont prévues contre toute « offense au drapeau ou à l’hymne national ». […]