Et le sentiment est partagé par Alexandre* (prénom modifié), il est en service depuis plus de 25 ans. Basé à Marseille, son choix de métier est une vocation “on est dans la police et la gendarmerie de père en fils de génération en génération, c’est vraiment une vocation que d’être au service de la protection de population”. Mais le cœur n’y est plus pour ce policier expérimenté.
“La dégradation des conditions de travail est amorcée depuis plus de 10, 15 ans. Il n’y a qu’à voir le manque de candidats aux concours de police. Cette affaire a porté un coup dur à la profession. Le procès n’a pas eu lieu. Certes, il y a eu la mort d’un jeune et c’est regrettable, pour lui, sa famille et le policier auteur des tirs pour qui la vie est fichue aussi. Mais on a jeté en pâture toute une profession à la vindicte populaire”, regrette ce policier. “Emmanuel Macron nous a humiliés, il a jeté la honte sur les policiers, personne n’oubliera”, explique Arnaud*(prénom modifié).
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Pour les forces de l’ordre “le manque de soutien est flagrant” alors “qu’on était tous les jours pendant les émeutes sur le terrain, à essayer de sauver les biens, les commerces et les personnes, la hiérarchie était débordée, on n’avait pas de consignes claires et il y a eu des affaires, mais personne n’assume le chaos qui régnait ces soirs-là, où l’on était débordé de tous les côtés “, explique Arnaud, policier à Marseille en fin de carrière. “Il y avait tellement d’interpellations, que les geôles étaient pleines, on nous a donné l’ordre de ne plus interpeller, de juste évacuer les commerces pillés et de sauver tout ce qui pouvait être sauvé, on avait des hordes de 200 personnes en face, en centre-ville à Marseille, en 30 ans, je n’ai jamais vu ça“, détaille Arnaud. Pour Rudy Manna, les policiers savent et ont conscience que tout peut basculer en un instant, “celui qui va prendre des risques, alors qu’il a des états de service parfait, sur un problème, tout est effacé et depuis une cinq, six ans, les policiers l’ont bien en tête”.
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Pour Arnaud, qui est expérimenté dans le métier, après plus de 30 ans d’état de service : “Les voyous ont un sentiment d’impunité, ils nous le disent, alors comment voulez-vous travailler dans ces conditions ? Il y a un chiffre à prendre en compte, c’est le nombre de policiers qui se donnent la mort en France, c’est énorme et personne n’en parle. Il y a un malaise et c’est tabou”.
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