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Bastion historique de la gauche, l’Éducation nationale n’échappe pas au raz-de-marée électoral de la droite nationaliste. Un enseignant sur cinq avait l’intention de voter pour le Rassemblement national au premier tour des législatives. Les assassinats de Samuel Paty, en 2020, puis de Dominique Bernard, en octobre dernier, par des terroristes islamistes ont instauré un climat de tension dans certaines salles de classe.

Depuis qu’il est enseignant, Louis* [le prénom a été changé] évite de parler de politique lorsqu’il se rend en salle des professeurs pour discuter avec ses collègues. Plutôt «de droite», il sait que le corps enseignant est plutôt acquis à la gauche et que ses positions seraient mal accueillies. Pourtant, les élections européennes et le premier tour des législatives «ont légèrement changé la donne», explique ce professeur de philosophie. «Disons qu’il y a quelques années, si j’avais assumé vouloir voter pour le Rassemblement national, mes collègues ou supérieurs auraient cherché à me faire tomber. Aujourd’hui, je reste encore discret, mais je peux me dire proche de ces idées sans risquer mon poste. »

Autour de Louis, les professeurs adhèrent de plus en plus aux idées du RN. «Ils ne le crient pas sur tous les toits, contrairement à ceux qui votent pour l’extrême gauche, mais ils commencent à l’assumer, précise le trentenaire. Cela doit bien sûr dépendre des établissements, mais le sujet est devenu moins tabou». […]

Si on prend de la hauteur, on constate que ce sont surtout les électeurs de droite modérée – ils étaient environ un quart parmi les professeurs – qui se sont tournés vers le RN. En particulier parce qu’ils estiment que les questions liées à l’autorité n’ont pas été correctement traitées.

«C’est un condensé de ce qu’on retrouve à l’échelle nationale », résume Philippe* [le prénom a été changé], professeur de sciences économiques et sociales (SES) dans un lycée de Vendée. Après avoir voté pour François-Xavier Bellamy aux élections européennes, il se tournera vers le RN sans hésiter, mais sans le clamer dans son établissement pour autant. Professeur depuis plus de trente ans, il estime que, «quand on enseigne, on comprend l’importance du respect de l’autorité et de l’ordre. On pense aussi aux professeurs qui font leur travail dans des zones plus sensibles. La droite classique ne répond plus à ces enjeux, la gauche, n’en parlons pas… Il ne reste plus que le RN. »[…]

Le respect de la laïcité compte pour beaucoup dans le choix de ces enseignants qui ont voté pour le RN ces dernières semaines. «Beaucoup estiment que la gauche n’en est plus le garant et que seul le parti de Marine Le Pen saura nous protéger», développe Gaëlle. […] Autant d’éléments qui poussent Fanny* [le prénom a été changé] à se diriger elle aussi vers le Rassemblement national. Pour cette professeur de français, il est «impensable de voter à gauche, parce que ce parti a perdu la fierté d’aimer son pays ». «Moi j’aime la littérature française, j’aime la langue française, j’aime l’histoire de mon pays. Le sens même de mon métier, c’est de transmettre cette passion. Si on ne donne rien aux enfants pour qu’ils aiment la France, ils se tourneront vers autre chose», alerte-t-elle. […]

Le Figaro

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