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Poursuivie pour avoir tweeté « Brûlez tous les keufs » après le décès de Nahel, tué le 27 juin 2023 par un policier, une adolescente a été relaxée début juillet à Paris, d’après le jugement consulté vendredi.

Pour le tribunal, la jeune femme a usé de « termes tout à fait inappropriés » mais qui ne « peuvent être interprétés dans un sens littéral » : il s’agissait « davantage d’un cri de révolte et de l’expression symbolique, par une image forte, du rejet d’une police ayant recours à des actes violents ». « Aucun lecteur moyennement avisé ne pouvait déduire » de son tweet « une incitation directe » à s’en prendre aux forces de l’ordre, a-t-il encore jugé le 2 juillet.

Pour entrer en voie de condamnation, il aurait fallu que l’autrice ait eu « la volonté » ou « la conscience de créer […] l’état d’esprit propre à susciter la commission » d’une agression, a expliqué le tribunal.

Le 1er juillet 2023, l’étudiante, au casier judiciaire vierge, avait repartagé une vidéo d’une interpellation sur le réseau social X (ex-Twitter). Elle commentait : « La manière dont il lui ébouriffe les cheveux et lui fout une tape au visage ça me rend folle ptn (putain, ndlr) le mépris et l’humiliation qui les font bander tout en utilisant des techni (ques) meurtrières comme ça… brûlez tous les keufs ». Écho de son tweet : 13 partages, 41 « likes » – l’étudiante le retirait le même jour, après le message d’un modérateur du réseau.

Mais un signalement anonyme enclenchait par ailleurs l’ouverture d’une enquête au pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH). Un mois après son tweet, l’étudiante, 23 ans, était interpellée et placée en garde à vue. Les enquêteurs se rendaient également sur son lieu de stage. Des mesures « disproportionnées » d’après son avocat, Raphaël Kempf.

« Ces vagues de messages d’incitation, peu importe de qui ils proviennent », a-t-elle insisté, « ce qui est important, c’est qui peut les recevoir dans une phase insurrectionnelle ». « La liberté d’expression nécessite que la justice prenne son temps », a rétorqué Me Kempf, contacté vendredi. Il s’est félicité que le tribunal « protège la liberté d’expression ».

En démocratie, cette liberté doit permettre d’exprimer « des critiques radicales » sans « faire l’objet d’une sanction pénale », a insisté l’avocat.

Sud Ouest

(Merci à Mérovée.)

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