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Dans son essai, La tête, la main et le cœur, David Goodhart (essayiste britannique, auteur de la distinction entre les nowhere et somewhere, ndlr) décrivait les trois principaux groupes sociaux composant les sociétés occidentales contemporaines. La tête, ce sont les gens qui ont fait des études et qui dirigent: les cadres, professions libérales et les chefs d’entreprise. La main regroupe ceux qui ont fait moins d’études, la classe laborieuse, qui travaillent dans des métiers manuels. Et puis il y a le cœur. Ces gens qui ont fait des études supérieures, mais qui, comme disait Bourdieu, ont un capital culturel mais pas économique. On les retrouve dans les métiers de la santé, du social, de la culture et de l’éducation. Cette répartition se retrouve dans nos trois blocs électoraux et leurs représentants.

Ces trois blocs sont-ils irréconciliables?

La question est de savoir comment faire retravailler ensemble ces trois entités, qui aujourd’hui vivent dans des univers de plus en plus séparés (44 % des téléspectateurs du JT de TF1 ont voté Bardella aux européennes contre 16 % à gauche et inversement 42 % de ceux du JT de France2 ont voté à gauche contre seulement 15 % pour Bardella), ont développé des visions du monde assez antithétiques. Le modèle est d’autant plus complexe que des proximités peuvent exister ponctuellement entre deux d’entre elles, mais pas toujours entre les deux mêmes entités. Le RN, premier parti de France, n’a pas droit de cité dans un vaste espace central où se concentrent tous les lieux de pouvoir. Et les décideurs ne côtoient jamais au quotidien ces électeurs

Sur l’immigration ou les lois sociétales, il peut y avoir un accord entre la tête et le cœur. Sur la hausse du pouvoir d’achat et l’abrogation de la réforme des retraites, il peut y avoir un accord entre la main et le cœur. Mais sur le sécuritaire, on va voir un accord se faire entre la tête et la main. Tout cela traduit un corps social dysfonctionnel, comme si les différents organes n’étaient plus réglés pour travailler ensemble.

(…)

Le président de la République, avait dit au moment de ses vœux qu’avec la commémoration du 6 juin, les Jeux olympiques, la fin du chantier de Notre-Dame et l’anniversaire de Villers-Cotterêts, 2024 serait un millésime français… Avec la dissolution, 2024 sera de facto un millésime français, car le monde entier et surtout l’Europe ont regardé la France. J’ai été très marqué par la cérémonie d’arrivée de la flamme olympique à Marseille le 8 mai dernier. Il y a eu un effet de cécité de la part du sommet du pouvoir.

Ils se sont illusionnés sur une espèce de magnifique village Potemkine. Les JO permettaient de raconter une belle histoire d’une France unie, rayonnante. C’était très valorisant pour le Président de montrer la France dans un écrin. Mais cela ne correspondait pas à la réalité des problèmes de pouvoir d’achat des Français, de leurs inquiétudes quant à l’insécurité ou l’immigration. Ils ont voulu gommer les fractures françaises, le temps des JO, mais le décor Potemkine s’est déchiré le 7 juillet.

Le Figaro

Et c’est ici que s’achève la collaboration de Léonard avec FdeSouche.

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