L’historien Patrick Boucheron, la scénariste Fanny Herrero, la romancière Leïla Slimani et l’auteur de théâtre Damien Gabriac ont travaillé, avec le metteur en scène Thomas Jolly, sur un spectacle en douze tableaux. […]
Quelles ont été vos références ? Ou vos contre-exemples ?
P. B. : Nous avons revu de vieilles vidéos. La cérémonie d’ouverture de Pékin, en 2008, c’est exactement tout ce que nous ne voulions pas faire : une leçon d’histoire adressée au monde depuis le pays d’accueil, une ode à la grandeur et une manifestation de force. Athènes, en 2004, éprouvée par sa dette, nous a donné une leçon d’humilité. En 2012, Londres a su dédramatiser les clichés nationaux par l’autodérision.
Mais personnellement, ce qui m’a encouragé, ce fut de visionner sur YouTube la cérémonie imaginée par Jean-Paul Goude pour le bicentenaire de la révolution française, en 1989. Le défilé déjouait les stéréotypes nationaux et ne craignait pas de prôner le « métissage planétaire » avec un optimisme que nous avons aujourd’hui perdu. Ce désenchantement a été en lui-même pour moi une source d’inspiration.
[…] Le spectacle comporte douze tableaux et s’appuie sur tous les emblèmes de la ville et les sens qu’ils produisent. Notre-Dame, par exemple, c’est à la fois le coq, emblème de la France, Victor Hugo, une cathédrale qui se refait une beauté après un incendie. […]
Si on comprend bien, votre travail est tout sauf une reconstitution à la manière des spectacles du Puy-du-Fou…
En chœur : L’inverse !
F. H. : Surtout pas une histoire figée.
P. B. : Le contraire d’une histoire virile, héroïsée et providentielle.
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