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Dans quelques instants, ils vont s’affronter à coups d’épée, de hache et de hallebarde. Tête casquée, revêtus de leur armure, les Descendants du Hardi et les Gargouilles de Paris s’apprêtent à ouvrir le championnat de France de béhourd qui se déroule en ce début de juillet à Saint-Benoît-du-Sault (36). Fondé au Xe siècle, ce village pittoresque situé aux confins du Berry et du Limousin offre un cadre idéal à cette discipline qui combine sport de combat, valorisation du patrimoine et reconstitution historique.

Né en Russie dans les années 1990, le béhourd arrive en France en 2011. La première compétition se déroule à Azincourt. « C’est une pratique sportive et culturelle moderne inspirée des tournois médiévaux d’Europe occidentale, explique Édouard Eme, président de la Fédération française de béhourd, présent sur place. Initialement pratiquées à cheval, ces compétitions ont connu un déclin à la fin du XIIIe siècle. Elles ont été ravivées au XVe siècle par le roi René d’Anjou, dont le traité reste une référence essentielle aujourd’hui. Après cette période, les tournois sont tombés en désuétude, laissant place à la joute, puis ils sont réapparus grâce aux reconstitutions historiques qui se sont multipliées à travers le monde. »

Alors qu’ils adoptent une forme plutôt théâtrale en Europe, les tournois se pratiquent de manière plus réaliste et sont officiellement reconnus comme sport en Russie, en Ukraine et en Pologne. Et c’est justement parce qu’il est insatisfait des reconstitutions réalisées en France qu’Édouard Eme se rend en Pologne. Il y apprend à maîtriser les techniques de combat authentiques et fonde la Fédération française de béhourd en 2014. Celle-ci compte aujourd’hui une trentaine de clubs rassemblant près de 500 membres, dont une vingtaine de femmes. Leur moyenne d’âge est de 27 ans. Plus de 200 se sont inscrits au championnat de Saint-Benoît-du-Sault. (…)

Pour composer une authentique armure, les béhourdeurs, ou tournoyeurs, se livrent à des recherches historiques approfondies. Enluminures, manuscrits, tableaux, fouilles archéologiques et surtout gisants médiévaux exposés dans les châteaux et les édifices religieux, sont examinés méticuleusement. « Ils sont une source d’inspiration majeure », explique Charles, 36 ans, membre du Hardi, dont l’armure a été façonnée par un forgeron ukrainien. (…)

« La plupart des équipements sont fabriqués en Russie, en Pologne ou en Ukraine, où ce savoir-faire a été préservé, poursuit-il. En France, deux forgerons produisent des armures, mais ils se consacrent principalement à l’industrie du cinéma, ce qui rend leurs créations assez coûteuses (…) »

(…) Sport de combat pour ceux qui le pratiquent, le béhourd n’est pas reconnu comme tel par le ministère des Sports en France, regrette Édouard Eme. Sa dimension patrimoniale et culturelle est en revanche bien établie. « De nombreux adeptes y voient une occasion de renouer avec leurs racines culturelles profondes, analyse Édouard Eme. À côté de l’attrait pour le combat en armure, on perçoit chez nombre d’entre eux une passion pour l’histoire et pour le Moyen Âge ainsi que le désir de renouer avec une certaine tradition chevaleresque intimement liée à l’identité de leur pays. »

Le JDD


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