Fdesouche

La commune d’Etampes  (Essonne) vit dans un climat d’intimidation entretenu par un service de médiation musclé, dévoué au maire LR, l’indéboulonnable Franck Marlin.Il a été député de l’Essonne de 1995 à 2020 et maire d’Étampes de 1995 à 2017 et depuis 2020.

Dans la pénombre, une silhouette massive apparaît sur la vidéosurveillance.Sous un long manteau noir, le visage caché par des lunettes de soleil, l’homme marche d’un pas déterminé entre sa Mercedes et le hall d’un immeuble du quartier de Guinette, à Étampes. Il tient un fusil à pompe. Ce 15 janvier 2022, celui qu’on surnomme « Smith » cherche un habitant du quartier pour lui « faire une dinguerie » après que celui-ci l’a insulté sur les réseaux sociaux. Jugé pour ces faits après 34 jours de détention provisoire, « Smith » affirmera simplement avoir voulu le « sermonner » et sera relaxé.

À Étampes, l’affaire fait tache. Car « Smith » n’est pas n’importe qui. Aboubakri K., 35 ans, est une figure de Guinette et surtout un employé de la ville. Son casier judiciaire compte 11 mentions, dont 2 enlèvements avec séquestration, qui l’ont conduit plusieurs années derrière les barreaux. Cet ex-médiateur, aujourd’hui employé au service des fêtes, n’a jamais été écarté par la ville d’Étampes, comme le note un rapport au vitriol de la Cour des comptes d’octobre 2023. Pire, il est confortablement installé à la mairie. Car à Étampes, la petite caste des médiateurs et ex-médiateurs demeure influente. Pire, il est confortablement installé à la mairie. Car à Étampes, la petite caste des médiateurs et ex-médiateurs demeure influente. […]

Le casier judiciaire, un plus pour être recruté

[…] En 2020, Franck Marlin récupère les clés du camion. Ainsi, le service n’est plus rattaché à la politique de la ville, mais directement au cabinet du maire. Franck Marlin réintègre cinq médiateurs, et continue, courant 2024, d’en recruter. Avis aux candidats, la mention au casier judiciaire constitue un plus. Sur les dix médiateurs d’Étampes, six en ont ! Principalement pour conduite sans permis ou sous alcool, et d’autres délits routiers, mais aussi pour des outrages, rébellion, vol, voire violences aggravées… […]

Dans les quartiers populaires d’Étampes, au premier tour de l’élection présidentielle de 2022, Jean-Luc Mélenchon frôle les 40 %. Pourtant, aux municipales de 2020, dans les mêmes bureaux de vote, Franck Marlin, des Républicains, atteint les 73 % à Guettard, et même 70 à 75 % dans deux bureaux de Guinette. Les européennes de 2024 ont vu les LR tomber à 4,7 % ! Pourquoi une telle schizophrénie électorale ?

Depuis plusieurs années, le maire prend soin de ne pas froisser l’électorat de ses quartiers. Il a défrayé la chronique en organisant en janvier 2021 une « marche blanche » en hommage à Samir et Nordine H., morts en tentant de fuir à contresens un contrôle de gendarmerie. La foule, encadrée par des agents de la mairie, s’était rassemblée sur un parking municipal. Cette « marche blanche » a
choqué, compte tenu du profil des deux frères H., figures délinquantes aux lourds casiers judiciaires. L’aîné, Nordine, a passé une dizaine d’années en détention pour l’importation de stupéfiants depuis l’Espagne. […]

Peu après cette marche blanche, Rémi Lavenant, un élu de Lardy, un village proche d’Étampes, avait courageusement voulu organiser une « manifestation contre le clientélisme » devant la mairie d’Étampes. Cette annonce lui avait valu des menaces de mort. En coulisses, des sources sécuritaires lui ont même conseillé de ne pas organiser sa manifestation. « Si vous le faites, les quartiers vont brûler, et on pourra vous accuser d’avoir provoqué ces violences… », lui souffle-t-on.

En mars 2024, Franck Marlin a été placé en garde à vue par la police judiciaire de Versailles. Une enquête a été ouverte par le parquet d’Évry-Courcouronnes pour « atteinte à la liberté d’accès à un marché public, abus de confiance et faux ». Les bureaux de la mairie ont été perquisitionnés.
Le 28 mai, l’élu a de nouveau été placé en garde à vue pendant trente heures. Il a été relâché sans poursuite. En cause : des soupçons de favoritisme sur des marchés publics destinés aux fêtes de la ville. Deux associations gérées par des proches de Franck Marlin auraient été choisies sans mise en concurrence. Sollicités, ni lui ni son avocat n’ont souhaité s’exprimer.

Le Point

Fdesouche sur les réseaux sociaux