« Le Point » a consulté les annonces immobilières et sondé les agences dans cinq quartiers difficiles d’Alençon, de Nîmes, d’Avignon, de Roanne et de Grenoble. Le diagnostic est terrible. Les prix sont divisés par trois, voire cinq.
L’Union sociale pour l’habitat d’Île-de-France a réalisé en 2021 un guide méthodologique classant les quartiers en quatre niveaux d’insécurité, de « faible impact » à « impact extrême », avec dans ce dernier cas une « activité délinquante organisée », un « trafic installé et organisé », « la présence d’armes » et une « présence du personnel de l’organisme rendue impossible sur certains horaires ». Les quartiers que nous avons choisis sont clairement au niveau quatre.
Les optimistes feront valoir que ce ne sont pas des coupe-gorge en journée. Par exemple, Perseigne, à Alençon, est correctement doté en commerces, aéré, verdoyant. On y trouve néanmoins la tour Pascal, point de deal à la notoriété départementale, désormais aux trois quarts vide. Fusillades, règlements de comptes, descentes de police, drogue : comme tous les secteurs que nous avons choisis, Perseigne est associé à ces mots à intervalles réguliers dans la presse locale. […]
Le Parc des sports à Roanne et Perseigne à Alenço, font figure de faubourgs cossus, en comparaison avec Pissevin et Valdegour, cités terriblement dégradées de Nîmes. Considéré comme irrécupérable, débordé par la délinquance environnante, le collège de Valdegour a fermé en juin 2018. En juin 2023, la médiathèque municipale de Pissevin a cessé ses activités, elle aussi. À la suite de la mort d’un enfant de 10 ans dans une fusillade à l’été 2023, les plages d’ouverture des structures d’accueil des enfants y ont été réduites. SOS Médecins et les livreurs refusent de s’y rendre.
Du côté de l’immobilier, c’est la bérézina. En deux kilomètres à peine, les prix sont divisés par dix ! Du côté de Pissevin, sur Le Bon Coin, nous avons trouvé un appartement de cinq pièces et 105 m2 à 36 000 euros, soit 343 euros le mètre carré. À vingt minutes de marche, un pavillon à peine plus grand (111 m2), mais situé dans une rue calme, était proposé à 335 000 euros, soit à peu près le prix médian à Nîmes (3 000 euros le mètre carré en 2024, selon Le Figaro Immobilier). […]
Pissevin compte 67 % de logements sociaux. Le taux de vacance y dépasse les 10 %, même en ayant abandonné toute ambition de mixité sociale. À partir du moment où la délinquance tue virtuellement le marché immobilier, la crise du logement devient aussi, au moins en partie, une crise de la sécurité publique.
Merci à MarcelVincent