22/08/2024
(…) Désormais hors de danger, le quadragénaire, père de famille divorcé, est toujours hospitalisé au CHU de Poitiers.
Né au Maroc, Mustapha K. est arrivé en France, et à Angoulême, il y a 15 ans. Il s’y est marié, a eu au moins un enfant, a obtenu au bout de longues années la nationalité française. Il a longtemps vécu au centre-ville, en famille. Cracheur de feu au Maroc, il exerçait des missions d’intérim en France. Jamais il ne s’est fait remarquer négativement. Jamais, il n’a fait parler de lui, ni entretenu de relations particulières avec la communauté maghrébine angoumoisine.
(…) À Ma Campagne, dans le quartier où il vivait depuis l’automne dernier (…) rien de notable, si ce n’est son habitude de s’habiller avec un treillis militaire. Pour le reste du quartier, il n’était qu’un parmi tant d’autres, sans accroche particulière ni lien social ou amical.
2022 semble marquer une césure dans sa vie. « Il a quitté sa femme. De lui-même. Depuis, il était sombre, dépressif », dit l’une des très rares personnes à l’avoir côtoyé. (…) se désespérant que sa vie « soit foutue », « que personne ne l’aidait ». S’il pouvait verser dans la paranoïa, voire s’approprier des thèses complotistes, il n’a, selon nos informations, jamais proféré de menaces. (…)
D’autres éléments interrogent. Plusieurs témoins sont convaincus d’avoir vu ce véhicule stationner ou circuler autour de la mairie ces derniers jours, ce que les services d’enquête vont devoir étayer ou infirmer. Et mercredi soir, Xavier Bonnefont, le maire d’Angoulême, indiquait que, peu avant l’attaque, un agent avait vu Mustapha K. rôder autour de la mairie. Pourquoi cette colère ? L’attaque était-elle préméditée ? L’enquête devra le déterminer. (…)
Un mystère qui justifie que le parquet d’Angoulême conserve un contact avec un correspondant du parquet antiterroriste. Mustapha K. avait tout d’abord tagué deux « Chahada » – profession de foi prononcée lors des conversions ou avant les prières – sur son véhicule. Une à l’arrière et une sur le capot. Enfin, lors de son transfert à l’hôpital, blessé par balle mais encore excité, il a, selon nos informations, scandé « Allah u akhbar ». Pourquoi, alors qu’il ne semblait empreint d’aucune religiosité particulière au quotidien ? Coup de folie ? Volonté de mettre en scène sa colère ? L’exploitation de son environnement récent, de son matériel informatique et téléphonique devra éclairer cette ombre.
(Merci à Gaëlle.)
“Pas de lien fait avec une entreprise terroriste”, assure la procureure de la République
Des motivations obscures
Rien ne filtre pour l’instant sur les motivations de l’assaillant. Selon nos informations, il ne connaissait aucune des deux secrétaires qui se trouvaient à l’endroit où il a tenté de mettre le feu. Ni les policiers municipaux qui sont intervenus.
“Il n’était pas comme d’habitude”
Elle le surnommait parfois Bob Marley avant qu’il ne se rase la tête, il y a quelques jours. Ce matin, une habitante de Ma Campagne, voisine de l’assaillant de la mairie d’Angoulême, a remarqué son comportement inhabituel. “Il n’était pas comme d’habitude, il est descendu comme un dingue, avec des bombes de peinture dans les mains”, dit-elle.
Selon les habitants du quartier, l’homme s’est installé place Hildesheim à l’automne dernier. Agé de 46 ans, il n’entretenait que des relations cordiales avec son voisinage, à base de “bonjour, au revoir”. Ce matin, il était particulièrement énervé, se déplaçant avec des bombes de peinture à la main.
Dans un état grave, l’assaillant a été transféré au CHU de Poitiers après sa prise en charge par le Samu. Son pronostic vital est engagé.
Le véhicule de l’assaillant est garé devant la mairie. Des inscriptions en arabe sont visibles : il s’agit de la prière des morts.
La mairie restera fermée tout l’après-midi. Les agents sont invités à rentrer chez eux. Une cellule psychologique est mise en place avec les pompiers en face de l’hôtel de ville près de la banque de France.
[…]Jérôme Harnois, préfet de la Charente :
L’assaillant est un homme de 46 ans de nationalité française.
Selon les informations de France Bleu La Rochelle, Il n’y a plus d’électricité dans le quartier, et plus de téléphone ni internet dans la mairie. D’après une source proche du dossier, l’homme, de nationalité française, est inconnu de la justice et des services de renseignement.
Un homme muni d’un bidon d’essence s’est introduit dans la mairie d’Angoulême (Charente) ce mercredi vers 12h30. Il a versé de l’essence dans un bureau où travaillaient des assistants des élus, avant d’être neutralisé par balle par les policiers municipaux, a-t-on appris, confirmant une information de Charente Libre. Il y a eu un début d’incendie, qui a été rapidement maîtrisé.
Une opération de police est en cours et les démineurs inspectent le véhicule du suspect, sur lequel des inscriptions en arabe sont visibles, indique le quotidien régional. L’agresseur a été évacué à l’hôpital par le SAMU, on ne connait pas son état de santé.
[…]Un employé de la mairie témoigne : « Vers 12h05, on était 5-6 personnes dans l’accueil. Un homme en treillis militaire, assez costaud, avec un bidon est entré dans la mairie. Il est directement allé du côté des bureaux des assistants d’élus. J’ai tout de suite appelé la police municipale qui par chance était dans les locaux de la mairie et prévenu des collègues à l’étage. Moins de cinq minutes après, l’alarme incendie a été déclenché. Il y avait de la fumée du côté du bâtiment des élus et on a entendu des coups de feu, sans savoir si cela venait de la police ou du monsieur en tenue militaire. »
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