“Attouchements, baisers forcés, insultes” : l’urgentiste de l’hôpital Ducuing à Toulouse est-il un “docteur Mabuse” ? Le docteur Abdelhalim H. est jugé ce mardi 3 septembre 2024 à Toulouse. Sept patientes l’accusent d’agressions sexuelles dans l’exercice de ses fonctions. (…)
Nous sommes au printemps 2020. Sylviane* a été prise en charge à l’hôpital Joseph Ducuing, après une commotion cérébrale. Face aux policiers, elle va raconter les gestes déplacés du médecin de l’établissement qui l’a auscultée : “Il m’a prise dans les bras, a touché mes parties intimes, s’est ensuite présenté à mon domicile.” Acte isolé ou habitude malsaine ? Les enquêteurs vont rapidement se forger une conviction.
Quelques jours plus tard, Imane, venue aussi déposer plainte, expose un scénario étrangement similaire. L’urgentiste Abdelhalim H. lui a caressé la cuisse, tout en expliquant à sa mère que sa robe n’est pas conforme en période de Ramadan. Une enquête est ouverte et les plaintes vont se succéder : Cathy, auditionnée, parlera de ses tétons “qu’il touchait” ; il y aura aussi ce jeune transgenre auquel le praticien tripote les fesses. Une autre femme que le docteur H. a carrément “embrassé avec la langue” de force avant de la traiter de p… Ou Malika à qui le médecin a “palpé la poitrine pendant de longues minutes” avant de frotter son bas-ventre contre elle.
En garde à vue, puis lors de ses auditions chez la juge d’instruction, le mis en cause va nier ou minimiser. À l’en croire, les plaignantes, pour certaines mentent, pour d’autres ont mal interprété des gestes purement médicaux. (…)
Car le modus operandi du Docteur H. “son absence d’empathie et son sentiment de supériorité” serait bien rodé : la plupart des victimes étaient venues consulter les urgences de nuit suite à des douleurs ou des traumatismes récents, “les plaçant dans une situation de faiblesse face à la figure d’autorité nécessairement incarnée par le médecin” précise une expertise versée au dossier d’instruction.
Par ailleurs, les enquêteurs ont mis la main sur les antécédents du praticien, condamné définitivement le 1er avril 2021, pour agression sexuelle “par personne abusant de l’autorité que lui confère sa fonction”, les faits s’étant déroulés à Villefranche-de-Rouergue en 2015. Le tribunal de Carcassonne l’a aussi condamné en 2012, pour harcèlement en vue de l’obtention de faveur sexuelle. Des faits pour lesquels l’ordre des médecins du Languedoc-Roussillon n’a pas jugé bon de sanctionner l’intéressé. (…)
Interrogée dans le cadre de l’information judiciaire ouverte à Toulouse le 17 décembre 2020, la direction de l’hôpital Ducuing confirmait des procédures internes à l’encontre d’Abdelhalim H., aucune n’ayant donné lieu à sanction. (…) Le praticien, aujourd’hui âgé de 65 ans, était le seul urgentiste à accepter de nombreuses gardes y compris la nuit (…)
(Merci à Valentin.)