11/09/2024
L’espace Schengen, déjà bien mal en point, vit-il ses derniers instants ? Le chancelier Scholz, en rétablissant le contrôle à l’ensemble des frontières terrestres de l’Allemagne, vient de lui asséner un sérieux coup. L’Allemagne a respecté les formes en notifiant et motivant sa décision (une menace grave à l’ordre public) à Bruxelles, comme le veut le droit européen. Il applique cependant de facto, la « double frontière » défendue par Bardella lors des européennes.
De son côté, la Commission examine la mesure qui doit, selon le Code Schengen, être « nécessaire et proportionnée » et restée « exceptionnelle ». Elle n’a pas émis d’avis pour le moment. La reprise des contrôles doit être temporaire, mais peut être renouvelée tous les six mois. La décision allemande intervient deux semaines après l’attentat de Solingen revendiqué par le groupe État islamique. Par ailleurs, une tentative d’attentat a visé le consulat général d’Israël à Munich, perpétré par un ressortissant autrichien de 18 ans, connu pour avoir des sympathies islamistes.
La décision du gouvernement allemand intervient aussi après une poussée exceptionnelle de l’AfD, le parti d’extrême droite, lors des élections régionales en Thuringe et en Saxe qui ont sévèrement fragilisé le gouvernement. D’autant qu’une troisième élection, le 22 septembre, dans le land de Brandebourg, promet là aussi à l’AfD une victoire flirtant avec les 30 % de suffrages, tandis que le SPD de Scholz conserverait la deuxième place avec environ 20 %.
La CDU de Friedrich Merz réclamait une telle mesure depuis plusieurs mois. Sur cette lancée, le gouvernement Scholz a présenté un dispositif censé augmenter considérablement le nombre de refus à la frontière avec une accélération des procédures existantes. Il a engagé des négociations avec la CDU et les représentants des Länder pour fonder une approche commune. Mais la CDU a finalement abandonné cette discussion, considérant que les propositions du gouvernement n’allaient pas assez loin. « La coalition des feux tricolores capitule devant le défi de la migration irrégulière. Le gouvernement fédéral est incapable d’agir et n’a pas de leader », a cinglé le chef de file de la CDU sur le réseau X.
Pour certains, Scholz est tombé dans un piège tendu par Merz, lequel n’a jamais vraiment eu l’intention de conclure le moindre accord avec un gouvernement faible qu’il compte bien battre dans un an lors des législatives de septembre. En attendant, Olaf Scholz abonde, en quelque sorte, dans le sens des propositions de Jordan Bardella lors de la campagne des européennes. Le président du RN évoquait l’instauration d’une « double frontière », non seulement aux frontières extérieures de l’Europe (les pays au bord de la Méditerranée ou à l’Est), mais aussi au sein de l’espace de libre circulation. Bien sûr, les contrôles allemands ne sont pas aussi systématiques qu’une frontière hermétiquement fermée comme lors du Covid. Mais la décision est suffisamment tranchante pour que Viktor Orban ironise en tweetant à l’adresse du dirigeant SPD Scholz : « Bienvenue au club ! » […]
Interrogé sur la situation, un responsable allemand du PPE (chrétiens-démocrates) considère que les capacités d’intégration de son pays sont amplement dépassées et que « le système de protection sociale allemand reste trop attractif ». Que devrait-on dire en France ? « Nous sommes dans une situation d’urgence. Et nous avons maintenant besoin de messages politiques clairs indiquant que cela ne peut pas continuer ainsi », indique ce responsable allemand du PPE.
09/09/2024
L’Allemagne va étendre à toutes ses frontières les contrôles visant à “faire reculer l’immigration irrégulière”, a annoncé lundi 9 septembre le gouvernement d’Olaf Scholz. Des contrôles temporaires avec la France, le Luxembourg, les Pays-bas, la Belgique et le Danemark vont être mis en place pendant six mois à partir du 16 septembre, détaille un communiqué du ministère de l’Intérieur. Ils s’ajouteront aux contrôles déjà en place aux frontières avec la Pologne, la République tchèque, l’Autriche et la Suisse.
Berlin juge le renforcement des contrôles nécessaire pour “la protection de la sécurité intérieure contre les menaces actuelles du terrorisme islamiste et de la criminalité transfrontalière”, deux semaines après l’attentat de Solingen revendiqué par le groupe Etat islamique. La politique d’asile et d’immigration est revenue au centre des débats en Allemagne avec la forte poussée du parti d’extrême droite AfD qui a obtenu des résultats record lors de deux élections régionales début septembre.
Le ministère de l’Intérieur a précisé avoir notifié ces nouveaux contrôles aux autorités de l’UE, s’agissant de mesures exceptionnelles sur le territoire de l’Union européenne dont Bruxelles doit être avisé. Depuis le triple meurtre au couteau de Solingen, dont l’auteur présumé est un Syrien de 26 ans qui aurait dû être expulsé, la coalition d’Olaf Scholz affiche sa volonté de fermeté en matière de contrôle de l’immigration.
Les Verts craignent néanmoins que le refoulement systématique à la frontière n’enfreigne le droit européen. « Le refoulement des demandeurs d’asile à la frontière n’est pas autorisé par le droit européen, car le règlement de Dublin s’applique et l’État membre légalement responsable doit être déterminé [en premier] », a rappelé Irene Mihalic, chef de file des Verts, au Rheinische Post, en réponse aux demandes de la CDU.
Outre le fait qu’il est pratiquement impossible de le faire à la frontière, cela pourrait également nécessiter davantage de contrôles pour détecter les passages illégaux.
Ces nouvelles considérations pourraient exacerber les inquiétudes des voisins européens de l’Allemagne quant à la volonté parallèle de la CDU de renforcer les contrôles aux frontières.
Toutefois, Nancy Faeser a insisté sur le fait que le refoulement systématique pourrait au contraire être un moyen de « progresser plus rapidement » en poussant les autres pays de l’UE à reprendre les exilés dont ils sont responsables.
Merci à moi