Un homme tout juste majeur a été jugé à Lille le 9 septembre, pour les agressions, dont une à caractère sexuel, de deux joggeuses dans le secteur de Hem, le 26 juillet dernier. (…)
Prénoms modifiés*
Ce jour-là, Yanis* quitte son travail en restauration à Roubaix en milieu d’après-midi. Peu de temps après, il surprend sa première victime, qui s’adonne à sa session de course à pied quotidienne sur une voie piétonne. Tout va très vite : il la ceinture par l’arrière et la plaque violemment au sol. Elle ne fait pas le poids. Son agresseur commet des attouchements et frotte son sexe contre elle. Comble de l’horreur, il lui glisse à l’oreille : « Ça ne sert à rien de crier, il n’y a personne. »
Cette jeune femme, Marine*, parvient à se dégager de son emprise dans un sursaut de courage, et s’enfuit à toute vitesse pour rejoindre la route.
Elle livre plus tard à la police une description glaçante de son agresseur : il portait un pull noir avec la capuche placée sur la tête, ainsi qu’un masque chirurgical. L’attirail complet – ça ne semble faire aucun doute dans la salle d’audience, médusée – du prédateur qui aurait froidement calculé son coup. (…)
Après la fuite de Marine, il repère Émilie, faisant elle aussi son jogging, à Hem. Il la ceinture par surprise de la même manière et dit, devant le tribunal, avoir eu une prise de conscience quant à la gravité de la situation. C’est ainsi qu’il l’aurait lâchée, sans commettre d’agression sexuelle. « Il ne m’a pas laissée fuir volontairement comme il le dit« , corrige Émilie, au micro de la salle d’audience.
Lorsqu’il « encercle » de ses bras Émilie, pour reprendre le terme employé par la victime, elle se met à hurler. Si bien qu’elle est entendue par une riveraine, qui, alertée, ouvre le velux de sa maison et se met elle aussi à hurler. L’agresseur, toujours dissimulé sous sa capuche et son masque, part alors à toutes jambes. (…)
J’ai arrêté de courir seule, je suis toujours avec du monde. J’ai toujours un regard derrière moi. Je ne me sens pas en sécurité si ce n’est pas dans un endroit où il y a beaucoup de gens – Émilie*
La première victime, Marine, a développé la même hypervigilance, dont on comprend bien qu’elle pourrit le quotidien, ainsi qu’un profond sentiment de honte. (…)
Détenu depuis le lendemain des agressions, il est condamné à 24 mois de prison, dont 12 mois de sursis. Il est maintenu en détention. (…)