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(…) À compter de ce lundi 16 septembre 2024, l’Allemagne a remis des contrôles de police à toutes ses frontières terrestres. On n’avait pas vu cela depuis 1995, date du début de l’application de l’accord de Schengen. (…)

Quelle volte-face par rapport à la politique qu’avait adoptée Angela Merkel il y a exactement neuf ans ! À cette époque, face à un afflux de réfugiés fuyant la guerre en Syrie, la chancelière, sans consulter personne, avait déclaré que l’Allemagne était « prête à accueillir 800 000 réfugiés » et avait ordonné à sa police d’ouvrir ses frontières. Sans peut-être avoir bien mesuré les conséquences de son appel d’air, la dirigeante allemande a mis en marche vers l’Europe des millions de miséreux d’Afrique et du Moyen-Orient, sur lesquels se sont jetées les mafias du trafic des êtres humains.

La décision de Mme Merkel était d’autant plus surprenante qu’elle avait déclaré, en octobre 2010, que le « multiculturalisme allemand » avait totalement échoué et que la grande majorité de ces nouveaux arrivants étaient des musulmans. C’est l’émotion, la sienne et celle des médias, qui avait actionné la chancelière. Tous les journaux du monde occidental avaient fait leur une avec la photo terrible du corps d’un garçonnet kurde de 3 ans retrouvé, sur une plage turque, noyé.

Lorsque les réfugiés se mirent à arriver par milliers dans les gares d’Allemagne, la population de ce vieux pays aux racines chrétiennes redoubla d’efforts pour bien les accueillir. L’État fédéral, les Lander et les communes se mobilisèrent pour leur offrir gratuitement logement, éducation, santé. Merkel était alors au sommet de sa gloire, encensée par les élites européennes. L’euphorie régnait en Allemagne ; voici que la chancelière, fille de pasteur, avait lavé le grand péché historique du national-socialisme païen. (…)

Hélas, ce n’est pas en se plongeant dans les bains chauds de l’émotion et de la béatification qu’on fait de la bonne géopolitique. Tout stratège qui se respecte doit anticiper les conséquences à long terme de ses actes.

L’Allemagne connaît aujourd’hui de sérieux problèmes d’intégration de nombreux de ses jeunes résidents masculins, qui sont d’origine arabe, afghane ou pakistanaise. La composition des sociétés modernes dans un monde globalisé est une affaire trop sérieuse pour être laissée à la dictature de l’émotion. (…)

Le scandale n’est pas que la vieille Europe ait reçu depuis un demi-siècle des vagues de plus en plus importantes de migrants d’une culture très différente d’elle, les grandes migrations ayant toujours existé dans l’histoire des hommes. Mais le scandale est que les populations européennes de souche n’aient jamais été démocratiquement consultées pour savoir dans quelle société elles souhaitaient vivre, avec quel degré et quelle forme de multiculturalisme.

En France, le regroupement familial a été décidé par un décret simple du premier ministre au printemps 1976. Pas le moindre débat au Parlement sur un sujet aussi sensible ! (…)

Le Figaro

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