Le 3 juin 2020, vers 6 h 35, ce jeune homme, âgé de 20 ans, est recroquevillé au bord des rails qu’emprunte la ligne La Rochelle centre – la Pallice, près d’un massif d’arbustes et d’un squat, non loin de la salle Gaston-Neveur. Couvert de sang, il présente une fracture ouverte à l’avant-bras. « J’ai été percuté par un train », dit-il dans un premier temps, à demi-conscient.
La nature de ses blessures, les traces de sang retrouvées sur une vingtaine de mètres réorientent les enquêteurs vers une piste criminelle. Ils finiront par retracer le déroulement des faits. Venu fêter son anniversaire en famille, l’agent d’entretien dans un foyer pour seniors à Mauléon, au Pays basque, raccompagne une amie chez elle dans la soirée, avant de sortir dans les bars de la cour du Temple, puis à la Concurrence. Il fait la connaissance d’un autre jeune. Ils vont ensemble vers les parcs de La Rochelle. Des actes sexuels ont lieu. Soudain, « l’homme gentil » change d’attitude, assène un coup de poing à son partenaire et des blessures graves avec un instrument tranchant « de type hachoir », criant « je suis pas pédé ! » Il l’abandonne – sur les rails ? – et lui dérobe des affaires. Placée en réanimation, opérée, les muscles et les nerfs rompus à un bras et une main, la victime restera infirme à vie.
Plus d’un an après, Zakaria Laghlame est arrêté. Son ADN a été trouvé sur des morceaux de verre sur le squat, jusqu’où son téléphone a borné ce soir-là, et son sperme a été prélevé sur le caleçon de la victime. (…)
Ce Marocain de 22 ans, élevé sans parents, entre fugues, délits, prison, séjour dans la rue à Tanger, nie être homophobe. Il n’a aucun souvenir des faits ni de la victime. « Quand je bois, je bois beaucoup », confie le prévenu, aussi visé par une enquête pour viol et proxénétisme.
Frédéric Ebel, pour le ministère public, relie toutes les preuves confirmant le caractère discriminatoire des violences. Il demande une peine de quatre ans de prison ferme, avec un mandat de dépôt, et l’interdiction définitive du territoire français. Le tribunal a suivi ses réquisitions. En l’absence du jeune homme agressé, incapable d’assister à l’audience.
(Merci à Titi.)