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Si les enseignants de littérature ont pu, un temps, êtres seuls à tirer la sonnette d’alarme, ce sont désormais tous les professeurs du secondaire et de l’université qui font les frais de cette chute du niveau. «Mes élèves de Terminale deviennent incapables de construire une phrase avec logique. Ils ont du mal à structurer leur pensée, non pas qu’ils soient moins intelligents qu’avant, mais à cause d’une défaillance syntaxique» explique Emmanuelle [Le prénom a été changé], professeure de philosophie en région parisienne.

En théorie, l’orthographe ou la grammaire ne relèvent pas du bagage qu’ils doivent transmettre à leurs élèves. Mais les professeurs rivalisent d’ingéniosité pour remédier à la baisse du niveau de français.

«J’ai toujours eu des collègues qui ne prêtaient pas attention au niveau de langue des copies. Ils sont de moins en moins nombreux », lance d’emblée Aude Denizot, professeure de droit à l’université du Maine. «Cette question ne peut plus rester accessoire. Dans aucune des disciplines qui demandent de la rédaction; Parce qu’au-delà d’un défaut d’orthographe , ce sont désormais des copies qu’on ne comprend plus», continue l’auteure de «Pourquoi nos étudiants ne savent-ils plus écrire ?» (Enrick).

«Je ne comprends pas. Les professeurs alertent, les journalistes font des articles, des spécialistes écrivent des livres. Mais au niveau du ministère, on continue à se demander s’il faut être exigeant ou non avec l’orthographe et la grammaire» , dénonce Aude Denizot. […]

Face à cette baisse du niveau, que faire ? Consacrer des heures de philosophie à des exercices de grammaire ? Doubler le temps de correction des copies à relever les fautes d’orthographe ? «Je fais systématiquement un point en deuxième année parce qu’ils ne savent pas conjuguer le verbe subir dans les dommages qu’elle a subi, par exemple. Or c’est une phrase qui peut revenir une dizaine de fois dans les copies» , explique Aude Denizot. Quant au fait de sanctionner ou non l’orthographe, les avis divergent. «On a traditionnellement deux points consacrés à l’orthographe et la grammaire. Mais je prends le parti d’en retirer parfois jusqu’à quatre» , confie Pierre E., professeur de latin et d’histoire dans les Yvelines. «J’ai même mis un zéro, une fois, pour une copie écrite en phonétique, que je n’avais pas réussi à décrypter.» […]

Le Figaro

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