Un tabassage en règle, dimanche, devant un distributeur à pizzas d’Anglet. Les deux hommes espèrent calmer la fringale de sortie de boîte. Alexis patiente déjà avec trois amis lorsque Zacaria, accompagné d’un autre homme, se gare tout près. Musique à fond. Insultes au bord des lèvres. Il a enchaîné les whiskies toute la soirée. Deux grammes dans le sang. Le ton monte rapidement. Pour une histoire de place dans la file. (…)
Zacaria affirme avoir reçu le premier coup. La version de la victime et des témoins est tout autre. Après avoir frappé Alexis avec ses poings, le prévenu récupère une manivelle de cric dans le coffre de sa voiture. Il passe ensuite au cutter, dont la lame a laissé une plaie de deux centimètres sur le visage de son vis-à-vis.
Quand la police débarque, il le poursuit encore autour de la voiture, où se sont barricadés ses compagnons de soirée terrorisés. Du sang dégouline sur le visage de la victime. La manivelle est maculée de rouge. « C’est le mien. Je l’ai déplacée pour attraper un mouchoir dans le coffre », assure Zacaria. Il prétend aussi ne pas avoir frappé la victime au sol. « Nous avons la vidéosurveillance, monsieur », lui rappelle la présidente. Un « déni » mis en balance par le ministère public avec les « six minutes de violences injustifiées ». (…)
Jusqu’ici, Zacaria n’avait pourtant jamais fait parler de lui. Le jeune Guinéen n’a pas été épargné par la vie. À 6 ans, il perd ses parents dans la répression brutale d’une manifestation de l’opposition. Maltraité par son oncle, il envisage l’exil vers l’Europe. Il atteint la France encore mineur, en 2017. Depuis, il s’est lancé dans une formation en menuiserie. Rapidement écourtée par la naissance de son premier enfant. (…)
« C’est lui qui m’a interpellé, puis m’a agressé. J’ai eu peur pour ma vie quand il a sorti le cutter », explique Alexis. Le jeune homme regrette la posture de son agresseur à l’audience. « Je n’ai jamais proféré d’insultes racistes. C’est totalement faux. C’est même lui qui me traitait de sale blanc. » (…)
(…) “J’ai été doublé devant le distributeur de pizzas, j’ai demandé des excuses et je me suis fait traiter de sale noir “ explique Zakaria. Scénario tout autre du côté des victimes qui contredisent la version de l’agresseur. Les témoignages sont accablants, confirmés par les images des caméras de surveillance. Tout est dans le dossier d’enquête des policiers de Bayonne : le prévenu, guinéen de 21 ans, va prendre dans le coffre la manivelle du cric de la voiture qu’il utilise comme une arme, frappe sa victime à terre à coups de poings et menace de lui trancher la gorge avec un cutter sorti de sa poche. Bilan médical : nombreuses plaies et traumatisme crânien. (…)
(…) “Lorsque les enquêteurs arrivent sur place très rapidement, ils vont découvrir deux jeunes filles apeurées et en pleurs et un jeune homme au sol et en sang” insiste le procureur de la République. (…)
Le tribunal suit les réquisitions du parquet : six mois de prison ferme aménagés en détention à domicile sous bracelet électrique.
La justice sera amenée prochainement à juger le complice de Zakaria dont le dossier a été disjoint. Le jeune homme, également d’origine guinéenne, très alcoolisé et sous stupéfiants au moment des faits, avait tenté de s’emparer de l’arme d’un policier qui intervenait et avait été neutralisé par l’utilisation d’un taser. (…)
(Merci à Thierry.)
