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Ce Pôle violet, genre de milice auto-constituée qui n’a ni existence légale ni statut officiel, s’est arrogé un pouvoir disproportionné dans la communauté étudiante. Avant et après chaque soirée, ses membres inondent le groupe de promotion de messages «d’alerte urgence VSS», martelant que «la honte doit changer de camp» et que «la peur ne doit plus être de [leur] côté». Reconnaissables en soirée à leurs brassards jaune fluo, les membres du Pôle violet scrutent les faits et gestes des hommes et, le cas échéant, engagent à leur encontre d’intenses campagnes de dénigrement, déchaînant la haine et les passions les plus décomplexées.

Chasse à l’homme

Le Pôle violet met également à disposition des étudiants des formulaires de dénonciation anonyme en ligne. Au moindre signalement, ses membres mettent immédiatement en garde les amis des accusés et livrent leurs noms à la meute militante qui, sans jamais s’embarrasser de vérifier les faits, organise méthodiquement leur exclusion sociale. Ils constituent alors une liste noire d’hommes «problématiques», à qui ils interdisent l’accès aux soirées étudiantes, publiques comme privées. Les hommes marqués du sceau des VSS sont instantanément mis au ban de la promotion : leurs amis sont contraints de s’en détourner (sans quoi ils sont entraînés avec eux dans leur chute) et on les écarte des cercles associatifs. Face à cette justice kafkaïenne, les accusés sont impuissants, condamnés à subir chaque jour les regards accusateurs et infamants de leurs camarades et à finir leurs études seuls, isolés, dans la honte et l’opprobre. À Sciences Po comme au Far West, on pend d’abord, on juge ensuite.

Les méthodes du Pôle violet, qui prospèrent en dehors de tout cadre formel, ont contribué à créer une atmosphère excessivement anxiogène et nocive, notamment pour les hommes, qui représentent 20% de la promotion. Ces derniers ont désinvesti peu à peu les espaces festifs de peur d’être accusés à tort de VSS et de subir l’inexorable ostracisation qui s’ensuit. L’objectif clairement affiché du Pôle violet est atteint. La peur a changé de camp. Mais à quel prix ?

Le Figaro

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