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Dès le dimanche soir, diverses voix me firent comprendre que Gérald Darmanin avait mis toutes ses forces dans la conquête de Beauvau. On m’indiquait qu’il menaçait de quitter le gouvernement s’il ne l’avait pas. Pour ma part, n’ayant pas ce désir intime, je décidai de m’en remettre à la décision du chef de l’Etat.

Plus désagréable fut l’écho du coup de fil que Richard Ferrand passa au président. Chacun savait que son humeur n’était pas la même le soir que le matin. Il exprima une colère sans retenue. Qu’avait-il pu se passer d’octobre 2018, quand Ferrand déclarait « Il nous faudrait un Blanquer de l’intérieur » pour succéder à Gérard Collomb, à juillet 2020, pour que le même trouve insupportable l’hypothèse que m’échoie cette responsabilité ?

Tout simplement mes positions jugées trop raides face à l’islamisme fondamentaliste. Je n’avais guère changé dans cet intervalle de temps mais j’avais eu à affirmer sans barguigner une ligne nette sur le sujet de la laïcité. A mes yeux, je rendais ainsi service à la France et à l’Education nationale mais aussi au président et à sa majorité. Ferrand ne voyait pas les choses de cette façon : il craignait les divisions dans notre camp et l’impact sur l’électorat musulman de mon intransigeance. Je n’avais pas vu venir cette radicale hostilité au sein même de mes supposés alliés et j’aurais dû être davantage sur mes gardes tant elle était lourde de nuages à venir. Il est dans mon caractère de rester optimiste sur la nature humaine, parfois au-delà de ce que la raison envoie comme signaux à mon cœur. Ce n’est pas une qualité politique.

Le lundi, je téléphonai au président : « Comme vous le savez, cela me va très bien de rester à l’Éducation nationale. Il y aura besoin d’un gros effort budgétaire pour augmenter les professeurs et faire évoluer ce métier. J’ai besoin que vous me souteniez totalement sur ce point et que cela se voie. »

Jean-Michel Blanquer, la Citadelle pages 272 et 273

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